AFRIQUE: la ville d’aujourd’hui à l’épreuve de l’explosion démographique et du climat

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AFRIQUE : la ville d’aujourd’hui à l’épreuve de l’explosion démographique et du climat© Emmanuel Kwizera/Shutterstock

Alors que la deuxième édition des Journées économiques internationales du Cameroun (JEICOM23) s’est refermée samedi dernier au Palais des Congrès de Yaoundé au Cameroun, la Rédaction d’Afrik21 passe au scanner les enjeux de la ville africaine dans un environnement où planent l’insécurité alimentaire, les catastrophes naturelles, le faible accès à l’eau et à l’électricité, ainsi que la pollution.

En Afrique, la question de l’explosion démographique ne se pose plus, elle s’impose. Avec ses 1,4 milliard d’habitants aujourd’hui, le continent est en première ligne de plusieurs défis économiques et environnementaux qui ne peuvent plus être dissociés du milieu de vie dans lequel cette population évolue. Et c’est surtout en milieu urbain notamment dans ces métropoles assez peuplées d’une région à l’autre que le phénomène devient pressant.

Les villes d’Afrique de l’Est par exemple naviguent entre inondations et sècheresse. Ces aléas climatiques ne sont pas souvent sans conséquence sur les moyens de subsistance des populations. Nairobi au Kenya par exemple s’est habituée au cours des dernières années à des sècheresses prolongées qui affaiblissent son potentiel floristique. La situation qui est aussi familière à Addis-Abeba, la capitale de l’Afrique. Là-bas, les chaleurs extrêmes et la hausse de la natalité font bon ménage avec des risques de malnutrition accentués par l’assèchement des récoltes.

Entre aléas climatiques et accès précaire aux services de base

Au Rwanda, ce qui préoccupe le plus les provinces ce sont les tempêtes meurtrières. Les dernières de mai 2023 ont détruit 20 routes nationales, 12 centrales électriques, ainsi que huit stations d’épuration et 6 000 maisons avec à la clé 20 000 déplacés notamment vers la capitale Kigali elle-même déjà saturée par ses 1,5 million de citadins. La situation est encore plus complexe à Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC) qui totalise 17,2 millions d’âmes. La troisième ville la plus peuplée d’Afrique (après Lagos au Nigeria et Le Caire en Égypte) n’est pas épargnée par les inondations notamment par ces temps pluvieux. Le lourd bilan humain et environnemental de ces épisodes climatiques interroge sur la vétusté des installations de drainage et le désenclavement de voies d’accès aux berges.

En matière d’électricité, 43 % de la population totale du continent n’est pas raccordée à un réseau électrique. La plupart se trouve dans les pays comme le Burundi y compris en plein cœur de la économique Bujumbura où la lampe torche a encore son efficacité. Si l’on ajoute à cela le retard dans la mise en œuvre du sixième objectif de développement durable (ODD) des Nations unies, l’addition devient sévère pour plusieurs villes africaines. C’est le cas de N’Djamena où le taux d’accès à l’eau potable était de 53 % en 2021 et de 30 % pour l’assainissement, d’après la Banque africaine de développement (BAD).

Péril sur la qualité de l’air

La belle du Tchad figure par ailleurs en tête des villes les plus polluées au monde, à en croire le rapport sur la qualité de l’air publié récemment par l’organisation environnementale suisse IQAir. L’Afrique du Nord qui est la région la plus urbanisée avec 78 % de la population vivant en ville selon l’Organisation des nations unies (ONU), doit composer avec les émissions de dioxyde de carbone (CO2) générées au quotidien par les véhicules thermiques. Si la région est dotée d’un réseau de transport en commun (bus, trains) moins défectueux qu’au sud du Sahara, la pollution atmosphérique est aussi couplée à l’impact environnemental de nombreux groupes industriels qui y sont implantés notamment à Casablanca, Tunis et Alger. Il s’agit de trois agglomérations où l’activité économique est intense en dépit du difficile approvisionnement alimentaire exacerbé par le Covid-19 et plus récemment par la guerre en Ukraine.

Ailleurs notamment à Abidjan en Côte d’Ivoire et à Douala au Cameroun, les deux capitales économiques plus connues pour les exportations de cacao sont confrontées à la prolifération des décharges sauvages composée en grande partie de plastiques. Cette marée de déchets d’origines domestique et industrielle défigure les plages et repousse l’attractivité urbaine d’antan. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) va plus loin en indiquant que l’insalubrité environnementale tue jusqu’à 12,6 millions d’Africains par an.

Lire aussi-JEICOM23 : le RDV des communes le 1er juin à Yaoundé axé sur la sécurité alimentaire

C’est dans ce contexte que se sont déroulées du 1er au 3 juin 2023 les Journées économiques internationales des communes (JEICOM23) à Yaoundé au Cameroun. Pour sa deuxième édition, l’évènement a réuni un parterre d’experts, d’élus locaux et de bailleurs de fonds pour concrétiser la résilience économique et climatique de la ville africaine de demain.

Benoit-Ivan Wansi

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