L’on fait le plus souvent allusion aux animaux, dès lors qu’il est question de biodiversité et d’extinction. Pourtant les végétaux sont tout autant concernés par la menace de disparition des espèces. C’est ce que nous révèle une étude publiée le 20 novembre 2019 dans la revue scientifique « Science Advanced », par l’Institut (français) de recherche et de développement (IRD).
Des chercheurs coordonnés par un botaniste français, Thomas Couvreur, ont réalisé une première analyse automatisée du statut de plus de 22 000 plantes vasculaires tropicales africaines. Ils ont utilisé les données compilées dans la base Rainbio, tenue par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, une institution française. Il en ressort que près d’un tiers (31,7 %) des plantes en Afrique tropicale est aujourd’hui menacé d’extinction. Un autre tiers (38 %) est considéré comme rare et pourrait donc être potentiellement menacé dans le futur.
La méthodologie employée pour l’enquête a également permis de mettre en lumière les zones les plus concernées par cette menace. Il s’agit des forêts tropicales humides, en particulier en Afrique de l’Ouest où la déforestation a été très importante durant ces dernières décennies. D’ailleurs, au rang des causes de cette menace, les chercheurs évoquent surtout l’action directe de l’homme. Outre la déforestation, l’on peut citer les activités agropastorales, ainsi que le changement climatique.
Une méthode d’étude innovante et rapide
Bien qu’ayant eu recours aux méthodes d’étude employées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN, une organisation qui fait autorité dans le domaine de la recherche en biodiversité), les chercheurs de l’IRD ont utilisé un algorithme automatisé, grâce auquel, ils ont économisé beaucoup de temps. « Il faut environ un jour par personne pour évaluer la menace d’extinction d’une espèce pour l’UICN. Mais avec notre algorithme, nous avons étudié les 22 000 espèces recensées en Afrique tropicale en moins de 10 heures » a déclaré Thomas Couvreur. Le botaniste pense d’ailleurs que cet algorithme pourrait intéresser également certaines entreprises, minières par exemple, et les autorités qui délivrent les permis d’exercer qui pourraient s’en servir pour vérifier plus rapidement l’impact potentiel sur la biodiversité d’une nouvelle exploitation.
C’est la première fois que des scientifiques parviennent à évaluer le degré de conservation de la flore à une échelle continentale. Selon Thomas Couvreur, le coordonnateur de cette étude, les évaluations du degré de conservation de la flore tropicale africaine pourraient fournir des informations cruciales pour améliorer la gestion de la biodiversité et favoriser un développement économique durable en Afrique. Cependant, le botaniste rappelle qu’un effort important mené sur le plan international reste à fournir afin d’évaluer toutes les espèces de plantes en Afrique.
Boris Ngounou