Plus 2000 délégués de tout le continent africain et au-delà se sont réunis à Kigali au Rwanda du 18 au 23 juillet 2022 à l’occasion du premier congrès africain dédié au rôle des aires protégées dans l’avenir de la planète. Les assises placées sous le thème « Pour les peuples et la nature », ont abouti à l’adoption de « l’Appel à l’action de Kigali ».
Dans la déclaration de cinq pages, les participants appellent à un soutien particulier des peuples autochtones d’Afrique afin de préserver la sagesse, les traditions, les connaissances scientifiques et traditionnelles, et les approches coutumières qui permettront une conservation efficace de la nature, de la culture, des moyens de subsistance et du bien-être humain.
« Les aires protégées et conservées en Afrique ont un héritage complexe, le succès de la conservation se faisant trop souvent au détriment des communautés locales. L’un des principaux objectifs du tout premier Congrès de l’UICN sur les aires protégées d’Afrique est de donner une voix à ces communautés marginalisées, en soulignant leur gestion de la nature et la nécessité de modèles de conservation inclusifs et justes sous la direction africaine et avec un soutien mondial », affirme le Dr Bruno Oberle, le directeur général de l’Union pour la conservation de la nature (UICN).
Pour maintenir cet objectif, les participants du premier Congrès des aires protégées d’Afrique (Apac) ont mis sur pied une coalition diversifiée, comprenant des gouvernements et des acteurs de la société civile notamment des jeunes, des peuples autochtones et des communautés locales ainsi que des directeurs d’aires protégées et des gardes forestiers pour renforcer la protection et la conservation de la nature.
Accroitre les financements en faveur de la conservation
Outre la reconnaissance des communautés locales comme des acteurs de premier plan des politiques environnementales, les participants de l’Apac appellent à faire rimer la protection de la nature avec la justice sociale, et surtout à trouver plus de financements.
« Pour bien gérer une aire protégée, il faut environ 1 000 dollars par kilomètres carrés. Actuellement, en Afrique, on dispose en moyenne de 50 dollars par kilomètres carrés. Donc aujourd’hui, le continent se mobilise afin de s’assurer que ses aires protégées soient financées », explique Kaddu Sebunya, le président de l’organisation Africa Wildlife Fundation. Pour matérialiser cette recommandation, un projet de fonds panafricain pour la conservation de la nature a été lancé lors de ces assisses de l’Apac. Ouvert à tous les gouvernements et les bailleurs de fonds, ce mécanisme vise à financer les parcs naturels à l’aide des ressources autres que les revenus touristiques.
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L’APAC se déroulait ainsi quelques mois avant la tenue de la 15e conférence de Nations unies (COP15) sur la biodiversité de décembre 2022 à Montréal, qui doit adopter un cadre mondial pour mieux protéger la nature ravagée par les activités humaines, à horizon 2050, avec une étape en 2030. La COP15 biodiversité devra notamment se prononcer sur l’appel onusien de protéger au moins 30% des terres et des océans d’ici à 2030.
Boris Ngounou