La Commission économique pour l’Afrique (CEA) s’intéresse au changement climatique. Le phénomène aura un impact négatif sur les économies des pays africains. Le produit intérieur brut (PIB) global chutera de 15 % d’ici à 2030, à cause des catastrophes climatiques et des dépenses liées aux efforts d’adaptation au changement climatique.
Les effets du changement climatique se feront davantage ressentir sur le plan économique, notamment dans les régions peu développées comme l’Afrique, un continent particulièrement exposé au changement climatique. Cette préoccupation était au cœur de la septième session du Forum régional africain sur le développement durable (Fraad), tenu du 1er au 4 mars 2021 à Brazzaville au Congo. Co-organisée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fraad 2021 s’est focalisé sur l’urgence climatique, à travers le thème, « Mieux construire : vers une Afrique résiliente et verte pour atteindre l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 ».
Au cours de ce forum, Vera Songwe la Secrétaire exécutive de la CEA a expliqué qu’au rythme actuel du réchauffement de la planète, les zones les plus affectées par le changement climatique perdront jusqu’à 15 % de leur produit intérieur brut (PIB) à l’horizon 2030. Ces prévisions sont alimentées par plusieurs autres statistiques. Le rapport Africa’s Adaptation Gap (l’écart de l’adaptation en Afrique) du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) signale qu’un réchauffement d’environ deux degrés Celsius entrainerait une réduction de 10 % du rendement agricole total en Afrique subsaharienne d’ici à 2050 ; un réchauffement supérieur (plus probable) pourrait porter ce chiffre à 15 ou 20 %.
Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là pour l’agriculture africaine. D’ici le milieu du siècle, la production de blé pourrait enregistrer une baisse de 17 %, 5 % pour le maïs, 15 % pour le sorgho, et 10 % pour le mil. Si le réchauffement dépassait les trois degrés Celsius, toutes les régions actuellement productrices de maïs, de mil et de sorgho deviendraient inadaptées à ce type de cultures. La question est donc de savoir si le système agricole africain est prêt à relever le défi.
La nécessité d’investir dans les infrastructures durables
Pour éviter la matérialisation de ces scénarios, « les pays africains doivent prioriser et intensifier les investissements dans la transformation rurale, les infrastructures durables et le développement du capital humain alors qu’ils s’efforcent d’éliminer la faim et les insécurités alimentaires. Cela, aidera non seulement à maintenir les progrès en cours, mais aussi à contribuer à la quête du continent pour parvenir à la faim “zéro”, comme le soutiennent les objectifs de développement durable (ODD) et l’engagement de l’Afrique pour 2025 à mettre fin à la famine et les Aspirations de l’Agenda 2063 » affirme Chris Toe, du Programme alimentaire mondial (PAM).
Lancé en 2015, le Fraad a pour objectif de faire progresser la mise en œuvre intégrée du Programme 2030 et de l’Agenda 2063, qui se renforcent mutuellement. À cette fin, le Forum régional offre une plateforme multipartite pour le suivi et l’examen des progrès et des défis dans la mise en œuvre des deux programmes, tout en renforçant l’apprentissage et en préconisant des mesures et des actions de politiques efficaces.
Boris Ngounou