Des guerres de l’eau pourraient éclater en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Les pays de ces régions sont frappés de manière drastique par l’élévation des températures avec ses corollaires l’assèchement des eaux de surface, cours d’eau, lacs et zones humides, ainsi que l’approfondissement des nappes phréatiques des et la perte de la biodiversité. « Dépourvues de bétails, de potagers, et de points d’eau, les populations migrent vers les quelques petites ressources qui restent et qui n’ont pas été endommagées par la sécheresse. Une fois là-bas, la compétition pour l’accès à l’eau ou au bétail, engendre des tensions qui peuvent inévitablement dégénérer en conflit » explique la présidente de l’Association des femmes nigériennes contre la guerre, et ancienne maire d’Agadez, Hadjia Zara Mamadou.
Hadjia Zara Mamadou prenait part à la Conférence régionale sur les changements climatiques, la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, qui s’est tenue du 6 au 7 avril 2022 à Dakar au Sénégal. Selon Philippe Zoungrana, le coordinateur du Programme régional d’appui à la gestion des ressources naturelles, au sein du Comité permanent inter États de lutte contre les sécheresses au Sahel (CILSS), les pays les plus touchés par le changement climatique sont situés au centre du Sahel. C’est le cas du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Dans ces pays d’Afrique de l’Ouest, « on compte plus de 1,8 millions de déplacés internes, dû à la sécheresse. Une situation qui menace la sécurité dans la sous-région» précise Philippe Zoungrana.
Il faut 2,3 milliards de dollars
Pour faire face aux impacts du changement climatique sur la sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, « la Cédéao a adopté un plan d’action prioritaire de lutte contre le terrorisme de 2,3 milliards de dollars, » indique Francis Béhanzin, le commissaire de la Cedeao aux affaires politiques, paix et sécurité. Il appelle les États membres de la Cedeao à une volonté politique plus forte et à un engagement financier essentiel des partenaires afin d’atténuer la vulnérabilité de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel face aux problèmes d’insécurité.
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Pour la septième année consécutive, en 2021, la température mondiale moyenne a atteint des sommets. Elle a augmenté de plus de 1°C par rapport aux niveaux préindustriels, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Une tendance qui devrait persister dans les prochaines années, comme prévu dans le 6e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
Boris Ngounou