Les changements climatiques réduitsent la capacité de certaines espèces à migrer, et accélèrent de ce fait la perte d’espèces. En Afrique australe, la sécheresse a gravement menacé des espèces comme les rhinocéros, les éléphants et les lions. Dans la floraison de solutions à ce drame, les écologistes préconisent au cours des sommets mondiaux comme la conférence de Nations unies (COP) sur la désertification, une accélération du reboisement pour réduire le réchauffement de la planète.
Les principaux effets du changement climatique sont connus. La concentration de l’atmosphère en CO2 (qui s’est déjà élevée de 280 à 415 ppm depuis 1880 selon les recherches de la biologiste américaine Maria Rubino), les émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre (qui seront responsables d’une augmentation de la température moyenne pour le siècle à venir de 1 à 4 °C selon les scénarios du Giec), et en fin l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques extrêmes et en particulier des sécheresses.
Si l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO2 favorise la photosynthèse et la création de biomasse, la hausse des températures et l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes de sécheresse perturbent fortement la croissance des plantes ainsi que le rendement des plantes cultivées.
La crise hydrique des plantes a des répercutions dans le règne animal. Le changement climatique ne fait pas de distinction entre le bétail et les animaux sauvages. Les animaux sauvages sont beaucoup plus vulnérables à ses effets que leurs cousins domestiqués. La sècheresse exacerbe les conflits entre les humains et la faune, et la destruction des habitats, car les éleveurs qui sont traditionnellement nomades perdent leur bétail et s’installent dans ce qui était autrefois l’habitat de la faune sauvage. Le braconnage s’intensifie, car les habitants et les réfugiés tuent des animaux pour éliminer la concurrence pour des ressources rares (comme l’eau et les végétaux comestibles), ou pour vendre leur viande afin d’en récolter de petits revenus supplémentaires.
La faune sauvage est par ailleurs directement touchée, car les animaux meurent tout simplement de la chaleur extrême et impitoyable ainsi que du manque de nourriture et d’eau.
Des grands mammifères touchés de plein fouet par la sècheresse
Dans une étude récemment menée dans le parc national Kruger (le plus grand d’Afrique du Sud) des scientifiques établissent le lien entre les événements climatiques extrêmes et la disparition de plantes et d’animaux, incapables de faire face aux conditions drastiques et au manque d’eau dû à des périodes de sécheresse plus longues et à des températures plus élevées. « La sécheresse a gravement menacé des espèces comme les rhinocéros, les éléphants et les lions, car elle réduit la quantité de nourriture disponible », déclare Philip Wandera, ancien gardien du Kenya Wildlife Service, et chargé de cours sur la gestion des parcours naturels à l’Université catholique d’Afrique de l’Est.
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Au Zimbabwe voisin, le gouvernement a déplacé en septembre 2022, plus de 2 500 animaux sauvages d’une réserve du sud vers une réserve du nord du pays pour les sauver de la sécheresse.
Les effets du changement climatique sur la faune ne sont pas limités à l’Afrique Australe. Sur tout le continent, les parcs nationaux qui abritent une myriade d’espèces sauvages telles que les lions, les éléphants et les buffles, sont frappés par des sécheresses implacables.
Dans son sixième rapport d’évaluation sur le changement climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies (Giec) indique que le réchauffement climatique pourrait provoquer la disparition de plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères d’Afrique d’ici à 2100. Pour éviter cette catastrophe « la sixième extinction de masse » « une gestion plus intensive des parcs et la suppression des clôtures qui empêchent les espèces de migrer vers des zones moins sujettes à la sécheresse sont des premières mesures importantes pour protéger la faune » préconise le scientifique Philip Wandera.
Restaurer 1 milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030
Il faut accélérer le reboisement pour réduire le réchauffement de la planète, et inverser de ce fait le déclin de la biodiversité. C’est l’engagement pris par les États africains, lors de la quinzième Conférence des parties (COP15) contre la désertification qui s’est achevée le 20 mai 2022 à Abidjan en Côte d’Ivoire. De manière chiffrée, il s’agit d’accélérer la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030.
À côté de cet objectif principal, le communiqué final de la COP15 préconise également le renforcement de la résilience face à la sécheresse en identifiant l’expansion des zones arides et l’amélioration de l’implication des femmes dans la gestion des terres.
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Saluant cet objectif de restauration des terres, présenté comme l’équivalent de l’objectif de limiter le réchauffement climatique sous les 2°C fixé dans l’Accord de Paris lors de la COP21 sur le climat, des délégations de la COP15 sur la désertification se félicitent de la prise en compte, pour la première fois, la question foncière. À qui appartient la terre ? Qui en détient le droit d’usage ou de propriété ? Autant des questions, variables selon le pays et dont la prise en compte est primordiale pour la réussite des projets de restauration des terres dégradées.
Boris Ngounou