Dans le 3e volet de son 6e rapport sur le changement climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) propose des solutions pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 0c d’ici à 2100, conformément à l’Accord de Paris. En Afrique, il faudra entre autres, multiplier par quatre à huit d'ici à 2030, les flux de financement climatique.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) adhère lui aussi à l’idée selon laquelle la finance climatique est insuffisante en Afrique. Dans le 3e volet de son 6e rapport climat, consacré à l’atténuation du réchauffement climatique, publié le 4 avril 2022, le Giec constate que les pays en développement peinent à recevoir l’aide multilatérale promise, mais aussi à attirer les investissements verts privés, qui manquent des garanties publiques adéquates. Pour l’heure, ni les montants, ni les mécanismes financiers ne sont au rendez-vous pour soutenir l’Afrique dans sa transition vers une économie à faible émission de carbone.
« Pour faire face à l’ampleur de la crise climatique, il faudrait que les flux de financement climatique destinés aux pays en développement soient multipliés par quatre à huit d’ici à 2030 », souligné Madeleine Diouf Sarr, co-auteur du rapport et chef de la division climat et protection côtière au ministère sénégalais de l’Environnement et du Développement gurable. Ainsi, selon les experts de l’ONU (Organisation des Nations unies) sur le Climat, l’Afrique serait négligée dans la répartition des flux de financement climatique. Car comme l’indique le rapport, il y aurait assez de capitaux et de liquidités au niveau mondial pour financer la transition écologique partout dans le monde.
Mobiliser 200 milliards de dollars de financement climatique par an d’ici 2070
Les fonds alloués par la Banque africaine de développement (BAD) pour lutter contre le changement climatique en Afrique sont passés de 9 % des investissements globaux en 2016 à 35 % en 2019 et un nouveau Business Plan pour le climat en Afrique a été dévoilé en 2020 par la Banque mondiale. Mais ces budgets demeurent insuffisants au regard des besoins du continent pour mettre en place des systèmes d’alerte précoces et des infrastructures résilientes.
Dans un rapport publié en septembre 2020, le Centre mondial pour l’adaptation (GCA) estime que la lutte contre le changement climatique requiert actuellement entre 7 et 15 milliards de dollars chaque année en Afrique. Ce montant connaîtra une croissance annuelle de 7 % au moins. Si les paramètres climatiques actuels se maintiennent, les fonds nécessaires atteindront 35 milliards de dollars par an d’ici à 2050 et 200 milliards de dollars dans 50 ans.
Le Giec fixe un délai de trois ans pour agir
Selon le rapport, le non-respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris, est en train de conduire la planète vers un réchauffement de +3,2 °C d’ici la fin du siècle. Une lueur d’espoir reste toutefois permise. Monde peut encore limiter le réchauffement à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, s’il transforme radicalement l’économie et fait plafonner les émissions d’ici à 2025, souligne le rapport du Giec.
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Pour agir dans ce délai court, les experts recommandent d’éliminer progressivement et de manière plus ambitieuse les combustibles fossiles, responsables des deux tiers des émissions de CO2 qui réchauffent la planète depuis 1850. Entre autres solutions proposées dans le rapport de plus de 3000 pages, l’arrêt de la déforestation, la protection de la biodiversité, l’efficacité énergétique des bâtiments et l’électrification des transports.
Si la 3e partie du 6e rapport du Giec présente les chemins possibles pour freiner le réchauffement climatique, la 2e partie, publiée en fin février 2022 indique les impacts passés, présents et futurs du réchauffement climatique sur la population et les écosystèmes, tandis que la 1ere partie du rapport, publié en août 2021, pointait du doigt l’accélération du réchauffement, prédisant que le seuil de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle pourrait déjà être atteint autour de 2030.
Boris Ngounou