À quelques semaines de la 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) à Charm el -Cheikh en Égypte, de nouvelles idées sont annoncées pour la mobilisation de la finance climatique dans les pays émergents, notamment en Afrique. Il s’agit de sept instruments financiers lancés récemment par le Laboratoire mondial d’innovation pour le financement du climat (le Lab). Ces mécanismes de financement visent à débloquer un milliard de dollars à travers l’assurance, les garanties, l’évaluation du crédit et d’autres outils financiers.
Ces instruments toucheront plusieurs secteurs clés en Afrique, notamment la transition énergétique des entreprises. Et pour ce faire, le Lab lance le Fonds pour la nature destiné à des « projets carbone naturels à haute intégrité ». Ce mécanisme sera exploité par CrossBoundary, un investisseur bien connu sur l’échiquier énergétique du continent africain à travers le financement des centrales solaires pour les clients commerciaux et industriels (C&I), ainsi que l’électrification via les mini-réseaux solaires.
Un mécanisme de financement des logements éco-responsables
La société d’investissement basée à Nairobi au Kenya ouvrira ce fonds en Afrique afin de répondre à la demande croissante des entreprises en énergie verte. Parmi les mécanismes élaborés par le Lab et prêts à l’emploi, figure également le Green Guarantee Company, un assureur spécialisé dans les projets d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets sur les marchés émergents. Cet instrument qui sera lancé en Afrique du Sud par le Development Guarantee Group permettra aux investisseurs internationaux d’accéder à des projets d’adaptation et d’atténuation en réduisant le risque des obligations et des prêts verts.
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Autre solution de financement climatique, le Green Affordable Housing Finance. Ce mécanisme permettra le déploiement de garanties de prêt à la construction et de prêts hypothécaires. La mise en place de cet instrument est confiée à Reall. Au Kenya, le promoteur immobilier basé dans le Pendjab en Inde utilisera ce mécanisme pour favoriser un écosystème de financement de logements abordables, piloté localement et autosuffisant. Le Lab lance également le Climate Smart Shrimp Fund qui proposera des prêts, soutenus par un dispositif d’assistance technique, qui permettent aux éleveurs de crevettes de passer à des systèmes de production plus durables et plus efficaces tout en restaurant les écosystèmes de mangrove. L’instrument dédié à la décarbonation du secteur de l’acier combine l’assistance technique, le capital patient à faible coût et le soutien à l’étape de la mise en œuvre afin de préparer et d’investir dans des projets de technologie de décarbonisation, notamment à travers les énergies renouvelables.
L’Assurance climatique dans les municipalités
La réduction des émissions de méthane n’est pas en reste avec la mise en place d’un mécanisme dédié au financement des technologies émergentes de capture et dans les réservoirs hydroélectriques afin de produire une électricité plus propre. Et en tant que partie prenante du Lab, le Fonds d’équipement des Nations unies (Fenu) a également proposé la mise en place du Climate Insurance Linked Resilient Infrastructure Financing (CILRIF), une offre d’assurance climatique pour la résilience des municipalités.
« Nous vivons une décennie décisive dans la lutte contre la crise climatique. Pour décarboniser et construire une économie résiliente au changement climatique, il est crucial de débloquer les investissements à grande échelle dans tous les secteurs. L’ambition, la profondeur et l’étendue des propositions du Labo de cette année sont frappantes, et nous sommes impatients de soutenir leur parcours vers le marché et l’impact », affirme Ben Broché, responsable du programme Laboratoire mondial d’innovation pour le financement du climat.
Le continent africain accuse un retard en matière de financement du climat. En 2020, l’Afrique n’a reçu que 30 millions de dollars de financement climatique selon le dernier rapport du Climate Policy Initiative. Pourtant, l’Afrique a besoin de 277 milliards de dollars pour l’adaptation et la résilience au changement climatique. Les instruments du Lab devraient permettre aux investisseurs institutionnels et privés d’accélérer leurs contributions à l’action climatique en Afrique. Pour mémoire, le Laboratoire mondial d’innovation pour le financement du climat est une initiative de plus de 70 investisseurs et institutions publiques et privées qui vise à accélérer les solutions d’investissement pour soutenir les objectifs de développement durable (ODD) dans les marchés émergents. Depuis sa création en 2014, le Lab a lancé 62 instruments qui ont permis de mobiliser 3,3 milliards de financements climatiques.
Jean Marie Takouleu