L’Afrique ne produit qu’environ 4 % de la pollution atmosphérique mondiale, et pourtant le phénomène s’avère être un véritable tueur invisible sur le continent. Selon le directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti, en 2016 sur le continent africain, environ 980 000 décès ont été causés par la pollution de l’air provoque des cancers, des accidents vasculaires cérébraux et des maladies cardiaques et pulmonaires. L’Unicef rapporte qu’avant son cinquième anniversaire, chaque enfant d’Afrique subsaharienne est exposé à des niveaux dangereux de pollution atmosphérique. Une situation qui selon l’OMS, serait due au fait que 98 % des villes des pays à revenu faible ou intermédiaire de plus de 100 000 habitants ne respectent pas les directives sur la qualité de l’air (10 micromètres par mètre cube). Alors que dans les pays à revenu élevé, ce pourcentage tombe à 56 %.
C’est dans ce contexte qu’interviennent les travaux sur l’évaluation de la pollution de l’air et des changements climatiques en Afrique, lancés le 7 septembre 2020 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue), en collaboration avec la Coalition pour le climat et l’air pur (CCAC). « Cette évaluation permettra de produire des informations exactes et rapides afin de renforcer la réponse aux effets néfastes des changements climatiques et de la pollution de l’air sur l’environnement, la santé humaine et les conditions de vie », indique Juliette Biao Koudenoukpo, directrice et représentante régionale du bureau Afrique du Pnue.
La pollution de l’air exacerbe le réchauffement climatique
Bien qu’ils puissent sembler être deux problèmes très différents, les changements climatiques et la pollution de l’air sont étroitement liés. La pollution de l’air provenant du dioxyde de carbone, du méthane, des protoxydes d’azote et autres gaz nocifs sont à l’origine de l’effet de serre, qui est lui-même la cause principale du changement climatique.
Ainsi, d’un point de vue climatique, les travaux d’évaluation de la pollution de l’air et des changements climatiques, lancés en Afrique par le Pnue et la CCAC, permettront de renforcer les efforts de limitation des émissions de gaz à effet de serre en accord avec les engagements mondiaux.
Le lancement de cette évaluation a eu lieu le jour de la célébration de la toute première journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus. Adoptée par une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies en 2019, cette journée dont la célébration est coordonnée par le programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), souligne l’importance et l’urgence de sensibiliser le public à tous les niveaux et de promouvoir et faciliter les actions visant à améliorer la qualité de l’air. « Dans le monde entier, neuf personnes sur dix respirent de l’air pollué », constate António Guterres, le secrétaire général des Nations unies.
Boris Ngounou