Les délégués de la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale, viennent d’adopter un Traité international sur la protection de la haute mer. Le document prend en compte les préoccupations des pays du Sud sur la répartition des recettes générées par l’exploitation des ressources génétiques de la haute mer.
Les ressources génétiques marines génèrent de grands espoirs. Dans les eaux profondes, des écosystèmes se développent dans des conditions extrêmes de luminosité, de températures, de pression, et d’acidité. Ces écosystèmes contiennent des molécules très intéressantes pour l’industrie cosmétique et pharmaceutique. Avant le Traité international sur la protection de la haute mer, conclu le 4 mars 2023 par les négociateurs de plus de 100 pays membres des Nations unies, l’accès aux ressources génétiques de la haute mer répondait à la « loi du plus fort », au détriment des pays du Sud dont les moyens financiers et scientifiques sont limités pour des opérations en haute mer.
Aujourd’hui, dans le cadre du nouveau Traité, les États se sont mis d’accord sur un mécanisme qui permet de partager les bénéfices engendrés par l’exploitation des ressources génétiques de ces eaux internationales, suivant le principe d’équité nord-Sud. Une partie des bénéfices sera donc redistribuée à la communauté internationale et aux États du Sud.
Deux décennies de négociations
La question sur les ressources génétiques des grands fonds marins a longtemps été au cœur des négociations internationales sur le Traité international de protection de la haute mer, les pays du Sud ne veulant pas voir s’échapper la manne potentielle liée à l’exploitation de ces ressources. « C’est un jour historique pour la conservation et un signe que dans un monde divisé, la protection de la nature et des personnes peut triompher de la géopolitique. Nous félicitons les pays d’avoir cherché des compromis, d’avoir mis de côté leurs différences et d’avoir élaboré un traité qui nous permettra de protéger les océans, de renforcer notre résilience face au changement climatique et de préserver la vie et les moyens de subsistance de milliards de personnes. », se félicite Aliou BA, le responsable de la campagne océan de Greenpeace Afrique.
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Les pourparlers sur le Traité international de protection de la haute mer ont débuté en 2004. Le texte est destiné à assurer la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine dans les eaux internationales. La haute mer représente 60% de la surface des océans, soit près de la moitié de la surface du globe. Outre la biodiversité cruciale qu’il abrite, l’océan fournit la moitié de l’oxygène que nous respirons, et limite le réchauffement climatique en absorbant du CO2. Pourtant, à peine 1 % de la haute mer est aujourd’hui protégée, et l’océan, victime de pollutions, d’acidification ou de surpêche, est en grave danger.
Dès lors le Traité de la haute mer représente l’un des outils permettant d’atteindre l’objectif « 30 pour 30 », qui vise à protéger au moins 30% des océans de la planète d’ici à 2030 en les plaçant dans des zones protégées. Le nouveau traité sera formellement adopté, après la révision technique, et la traduction dans les six langues officielles des Nations unies.
Boris Ngounou