WCEF2022 #1. Notre série en partenariat avec le fonds d’innovation finlandais Sitra.
La 27e Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP27) s’est refermée récemment en Égypte sur une note positive pour le financement climatique des pays en développement, mais avec également un échec sur la réduction de l’utilisation des énergies fossiles à l’origine du réchauffement de la planète. Face à cette préoccupation qui divise les Etats, multinationales et les défenseurs de l’environnement, l’heure est aux solutions d’atténuation.
D’après une étude conjointe publiée en marge de la rencontre de Charm-el Cheikh par le think tank Chatham House au Royaume Uni , World Resources Institute (WRI), la Platform pour Accélérer l’Economie Circulaire (PACE) et le Laboratoire national des énergies renouvelables (NREL) basés aux États-Unis d’Amérique, l’économie circulaire peut permettre de limiter à 1,5 ° Celsius les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), conformément à l’Accord de Paris de 2015.
La préservation des ressources
Si les pratiques ainsi que les politiques de l’économie circulaire apparaissent aujourd’hui comme le moyen efficace de réduire le réchauffement climatique et d’atteindre rapidement la transition écologique, c’est que celle-ci s’oppose au prélèvement excessif des ressources naturelles due à la surconsommation, surtout dans les pays du Nord, ainsi que le gaspillage des matières premières, et des sources d’énergies non renouvelables. L’économie circulaire promeut une utilisation plus efficace des ressources naturelles ; L’Afrique a besoin de ce modèle pour construire ses infrastructures, atténuer la perte de la biodiversité et s’adapter aux catastrophes naturelles, notamment inondations et la sècheresse. D’ailleurs, selon la Conférence des ministres africains en charge de l’Environnement, l’économie circulaire assure un cycle complet et vertueux, car « les produits et les matériaux sont recyclés, réparés, rénovés ou réutilisés, de sorte qu’un sous-produit ou un déchet issu d’un processus économique devienne un intrant pour un autre ».
L’un des secteurs au cœur de l’économie circulaire aujourd’hui c’est celui des déchets. Dans son « rapport sur le traitement des ordures ménagères » publié en 2020, la Banque mondiale relève qu’en moyenne, 174 millions de tonnes de déchets sont produites chaque année en Afrique. Au regard de la croissance démographique qui s’accélère sur le continent, cette quantité de déchets devrait tripler d’ici à 2050, mais pourrait être exploitée comme une richesse. Par exemple, les déchets organiques produits par les ménages et les fermes agricoles peuvent être valorisés en biogaz tandis que le digestat issu de leur fermentation peut être utilisé comme fertilisant pour l’agriculture. Les déchets plastiques quant à eux peuvent être transformés en granulés et réutilisés comme matière première secondaire.
L’économie circulaire au cœur du WCEF
C’est dans ce contexte que s’ouvre le 6 décembre 2022 le Forum mondial de l’économie circulaire (WCEF) à Kigali au Rwanda. Durant la rencontre, quelque500 participants venus de plusieurs pays du monde aborderont l’apport de l’économie circulaire pour le climat et la nature, les infrastructures, l’entrepreneuriat et l’innovation, ainsi que le commerce et les chaînes de valeur. L’évènement est organisé conjointement par le fonds d’innovation finlandais Sitra, l’Alliance africaine pour l’économie circulaire (Acea) avec d’autres partenaires internationaux.
« L’économie circulaire peut changer la donne pour le développement de l’Afrique. Ce forum est une opportunité pour le Rwanda et le continent dans son ensemble de mettre en valeur les traditions de gestion de l’environnement et d’explorer les moyens de faire de la transition vers une économie entièrement circulaire une réalité », affirme la ministre rwandaise de l’Environnement, Jeanne d’Arc Mujawamariya.
Le financement et la création d’emplois
Si l’économie circulaire se veut de plus en plus indispensable, son potentiel de création d’emplois n’est plus à démontrer. Au Japon par exemple où le gouvernement a engagé une transition vers l’économie circulaire dès l’an 2000, 650 000 emplois ont été créés dans plusieurs domaines. Plusieurs pays africains suivent déjà le mouvement. C’est le cas notamment de la Côte d’Ivoire. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, l’Agence nationale de gestion des déchets (Anaged) a signé un partenariat avec la mairie de Worofla et l’Agence emploi jeunes (AEJ) pour la formation de 110 jeunes aux techniques de production du compost enrichi aux cosubstrats hygiénistes, ainsi qu’aux techniques de biofertilisation à base de compost enrichi. Le programme qui se déploiera jusqu’en septembre 2024 a déjà permis la construction d’une unité de compostage des déchets ménagers, ainsi que la mise en place d’un dispositif de collecte des déchets, créant ainsi 57 emplois directs.
Ces emplois générés par l’économie circulaire sur le continent concernent également le secteur de la mode et du textile qui représente environ 8 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue). De son côté, la Banque africaine de développement (BAD) a mis en œuvre l’initiative « Fashionomics Africa » pour encourager les start-up et les entrepreneurs africains de l’habillement et des accessoires en mettant en œuvre des mesures respectueuses de l’environnement, de la durabilité et de l’économie circulaire. Les lauréats obtiennent un prix en espèces d’une valeur totale de 6 000 dollars pour démarrer leur entreprise de façon formelle avec un accent sur le recyclage des produits de la mode, la réduction au minimum des substances toxiques, les alternatives aux matières premières existantes, la réduction des déchets, la réduction de la consommation d’énergie, les énergies renouvelables et la prise en compte du cycle de vie des produits.
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Dans le même temps, la BAD a lancé en avril 2022 « la facilité africaine pour l’économie circulaire » pour soutenir les efforts des États africains en matière d’adoption de l’économie circulaire face au dérèglement climatique. Ce nouveau fonds fonctionnera sur une période de cinq ans grâce à un appui d’une valeur de 4 millions d’euros du gouvernement de la Finlande et du Fonds nordique de développement (FND). Parmi les secteurs qui bénéficieront de la nouvelle facilité sur le continent figurent l’agriculture intelligente, les énergies renouvelables, la gestion durable des déchets ou encore l’utilisation rationnelle des ressources en eau. Selon la BAD, l’initiative favorisera la réalisation des contributions déterminées au niveau national (CND) qui visent la réduction des émissions de CO2 et l’adaptation aux impacts du changement climatique dans chaque État.
Benoit-Ivan Wansi