C’est le nouveau symbole du déclin de la biodiversité. L’éléphant de forêt d’Afrique, connu sous le nom scientifique de Loxodonta cyclotis fait désormais partie des 37 480 espèces menacées, recensées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le plus grand mammifère terrestre a été classé au statut de danger « critique » d’extinction par l’UICN, qui a publié le 25 mars 2021, sa nouvelle liste rouge des animaux menacés.
L’éléphant de forêt, plus petit que son cousin des savanes et vivant essentiellement dans les forêts d’Afrique centrale (notamment au Gabon et au Congo) et d’Afrique de l’Ouest, a vu sa population chuter de 86 % en 30 ans. La population d’éléphants de savane (Loxodonta africana) a pour sa part plongé d’au moins 60 % ces 50 dernières années, et se retrouve classée « en danger » d’extinction. « Cette classification doit nous servir d’avertissement que si nous n’inversons pas le cours des choses, nous avons de bonnes chances de voir ces animaux frappés d’extinction » met en garde Benson Okita-Ouma de l’ONG Save the Elephants et co-président du groupe des spécialistes des éléphants d’Afrique au sein de l’UICN.
Sur le banc des accusés, le braconnage et la déforestation
Selon l’UICN, la chute drastique de la population des deux espèces d’éléphants d’Afrique est causée par le braconnage intensif et la destruction de leur habitat à travers l’urbanisation et la conversion des forêts en terres agricoles. Par ailleurs, la pandémie du coronavirus a un impact négatif sur les efforts de protection de la biodiversité. Elle prive les pays de revenus de l’écotourisme qui servaient à financer en partie la protection des réserves naturelles.
En novembre 2019, une organisation de protection de l’environnement tirait déjà la sonnette d’alarme sur la chute rapide de la population d’éléphants d’Afrique. « Un éléphant meurt en Afrique toutes les 25 minutes, tué pour ses défenses en ivoire » déclarait le Fonds mondial pour la nature (WWF), tout en prévenant que si rien n’est fait, la population des éléphants d’Afrique disparaitrait d’ici à 2040 à cause d’un braconnage devenu sauvage.
Ce braconnage effréné est né à la suite de l’augmentation du prix de l’ivoire, qui a été multiplié par 10 entre 2004 et 2018. En raison de sa position géographique centrale et de son histoire coloniale, la Belgique est une plaque tournante du trafic illégal de l’ivoire. Entre 2007 et 2016, les douaniers belges ont saisi 3 616 produits dérivés de l’ivoire, précise le WWF. La plupart de ces produits transitent par l’aéroport de Bruxelles et sont destinés à la Chine, où 79 tonnes d’ivoire ont été saisies depuis 2000. Ce qui équivaut à 10 800 éléphants tués !
Boris Ngounou