Le réchauffement climatique s’impose de plus en plus parmi les causes générant des conflits en Afrique. L’Organisation des Nations unies (ONU) en est consciente et plus encore, les membres de son conseil de sécurité, qui viennent d’organiser un débat de haut niveau sur les relations entre climat et sécurité. Les échanges menés par visioconférence ont évoqué les graves risques sécuritaires liés au climat en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest, en Somalie, au Darfour, dans le Sahel, au Mali et dans le bassin du lac Tchad. « Dans mon pays, nous vivons dans une insécurité permanente, en raison de nombreux facteurs qui placent le Soudan en tête de liste en matière de vulnérabilité climatique » affirme Nisreen Elsaim la présidente de l’United Nations Youth Advisory Group.
Dans le même esprit, Kaïs Saïed, le président de la Tunisie a rappelé que la résolution 2532 du Conseil de sécurité adopté le 1er juillet 2020, a confirmé que l’insécurité peut être provoquée par une multitude de facteurs, et pas seulement par un conflit armé. L’un de ces facteurs est l’aggravation de la pauvreté et de la rareté des ressources résultant du changement climatique, en particulier en Afrique, où ses effets sont particulièrement sévères.
De fait, là où le réchauffement climatique assèche les rivières, réduit les récoltes, détruit les infrastructures essentielles et déplace les communautés, il exacerbe par la même, les occasions et les risques de conflits. Une étude de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a révélé que 8 des 10 pays accueillant les plus grandes opérations de paix multilatérales en 2018 se trouvaient dans des zones fortement exposées au changement climatique.
Cent 100 milliards de dollars par an : promesse non tenu
Prenant la parole à son tour, le Secrétaire général de l’ONU a appelé les États membres à nouer des partenariats profonds au sein et au-delà du système des Nations Unies pour atténuer les effets aigus du climat sur la sécurité alimentaire, les ressources naturelles et les schémas de migration qui alimentent les tensions entre l es pays et les régions. « Les plus pauvres — ceux qui ont le moins de sécurité — souffriront certainement. Notre devoir en ce moment est certainement de faire tout ce que nous pouvons pour aider ceux qui sont le plus en danger » explique António Guterres. Il a exhorté les donateurs et les banques de développement multilatérales et nationales à augmenter de 50 % leur soutien au financement climatique. « Les pays développés doivent eux aussi tenir leur engagement de canaliser 100 milliards de dollars par an vers le Sud. Un engagement qu’ils n’ont pas tenu en 2020 », a-t-il reconnu.
Le conseil de sécurité de l’ONU organise des débats de haut niveau sur le lien entre le climat et la sécurité depuis 2007. L’institution est rendue à son 5e rendez-vous du genre, tandis que certains dirigeants continuent de mettre en doute l’affirmation selon laquelle la relation entre le climat et le conflit est causale, pointant plutôt le doigt vers des facteurs politiques et économiques.
Boris Ngounou