La pollution par les déchets électroniques vole peu à peu la vedette à la pollution plastique. En 2019, les déchets munis d’une batterie ou d’une prise de courant ont atteint la barre de 53,6 millions de tonnes dans le monde, dont 2,9 millions de tonnes en Afrique. À cette quantité de déchets électroniques produits en Afrique, s’ajoutent des millions de tonnes qui sont acheminées illégalement chaque année à partir des continents européens et américains.
Si dans le cas du plastique, 34 États africains sur 54 ont déjà promulgué des lois interdisant son usage, les législations sont moins restrictives concernant les e-déchets. Dans son rapport intitulé « Les enfants et les décharges de déchets électroniques », publié le 15 juin 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle les conséquences de ce type de déchets sur la santé humaine, surtout celle des enfants. Elles vont de la naissance prématurée, à la mortinaissance, en passant par l’augmentation des taux de troubles de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH), des problèmes de comportement, des changements d’humeur de l’enfant, des difficultés d’intégration sensorielle et des scores cognitifs et langagiers inférieurs. À cela s’ajoutent les altérations de la fonction pulmonaire, les effets respiratoires, les dommages sur l’ADN, les troubles de la fonction thyroïdiencyne et le risque accru de certaines maladies chroniques plus tard dans la vie, comme les cancers et les maladies cardiovasculaires.
Miser sur recyclage des e-déchets
Face à l’urgence de la situation, l’engagement de tous les acteurs de la chaîne des déchets est nécessaire selon l’OMS. L’une des solutions préconisées par l’organisation basée à Genève (en Suisse) est le recyclage. « Les enfants et les adolescents ont le droit de grandir et d’apprendre dans un environnement sain, et l’exposition aux déchets d’équipements électriques et électroniques et à leurs nombreux composants toxiques a incontestablement un impact sur ce droit », explique Maria Neira, la directrice du Département environnement, changements climatiques et santé de l’OMS.
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Les déchets électroniques contiennent des métaux lourds et d’autres substances toxiques. Il s’agit entre autres du plomb, de l’arsenic et du mercure. En Afrique, l’Égypte est l’un des rares pays à investir pour valoriser ses déchets électroniques. La ville du Caire à elle seule compte quatre entreprises qui recyclent ce type de déchets. Parmi ces sociétés figure Recyclobekia lancée par Mostafa Hemdan en 2011. Des initiatives voient également le jour en Zambie, au Nigeria, au Cameroun ou encore au Ghana. Le pays d’Afrique de l’Ouest sera bientôt doté d’un centre de recyclage des déchets électroniques. Le Ghana développe également le Projet des industries de recyclage durable (SRI) dans la capitale ghanéenne Accra depuis 2015. La deuxième phase du projet lancé en 2019 vise à renforcer les capacités nationales de traitement des déchets électroniques en termes d’infrastructures et de ressources humaines. Ce volet du projet s’achèvera en 2023.
Selon l’OMS, la mise en place de systèmes de recyclage des déchets électroniques contribuera aussi à réduire les émissions de CO2 dans la nature.
Inès Magoum