Les États membres de l’Union africaine (UA) s’engagent dans une action décisive contre les pénuries d’eau, à travers un nouveau programme. Baptisé Programme progressiste d’investissement pour l’eau en Afrique (AIP), il vise à mobiliser 30 milliards de dollars en 10 ans pour accélérer les projets hydrauliques prioritaires en Afrique.
La conférence des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) a officiellement adopté le Programme progressiste d’investissement pour l’eau en Afrique (AIP) lors de sa 34e session ordinaire, tenue le 7 février à Addis-Abeba, en Éthiopie. Le programme vise à combler le déficit d’investissements dans le secteur de l’eau en Afrique, dans un contexte marqué par la double crise de la Covid-19 et du changement climatique.
Ainsi, au cours des dix prochaines années, l’AIP prévoit de mobiliser 30 milliards de dollars pour financer des projets hydrauliques en vue de répondre aux défis actuels dans les États membres de l’UA et créer au moins 5 millions d’emplois. « Au moins 18 pays sur les 55 que compte l’Union africaine bénéficieront de ces fonds, dont cinq pays pilotes à savoir le Bénin, le Cameroun, l’Ouganda, la Tunisie et la Zambie ainsi que cinq bassins transfrontaliers. Il s’agit du système aquifère du Sahara du Nord-Ouest, du bassin de la Volta, du bassin du lac Tchad, du bassin de la Kagera/lac Victoria et du bassin du Zambèze », indique le Partenariat mondial de l’Eau (GWP). Les projets prioritaires évoqués portent essentiellement sur la construction des barrages, des systèmes de transfert d’eau, d’irrigation et d’information sur la gestion de l’eau et la réalisation d’infrastructures sanitaires qui sont indispensables pour répondre aux besoins socio-économiques croissants de l’Afrique.
Une composante du PIDA-PAP 2
« L’AIP comprend une stratégie de mobilisation des ressources qui permettra d’établir des liens stratégiques entre les porteurs de projets (les États membres de l’UA) et les bailleurs de fonds appropriés des secteurs public et privé, tout en assurant une facilitation continue de la mobilisation des ressources tout au long du cycle de projet », déclare Towela Nyirenda-Jere, le Chef de la Division de l’intégration économique à l’Agence de développement de l’Union africaine (Auda-Nepad). Dans sa phase pilote, le programme bénéficie du soutien de l’Agence autrichienne de développement (ADA), de l’Agence suisse pour le développement et la coopération (DDC) et de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (Sida).
Actuellement, à peine 10 à 19 milliards de dollars sont investis dans le secteur de l’eau en Afrique chaque année selon le GWP. Pourtant, la BAD estime que 64 milliards de dollars sont nécessaires annuellement pour réaliser la vision 2025 de l’Afrique en matière de sécurité en eau pour tous. L’Afrique subsaharienne reste la région où le phénomène demeure le plus préoccupant avec 400 millions de personnes qui ne disposent pas d’une source sûre d’approvisionnement en eau potable.
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Outre le manque de financement, les difficultés d’accès à l’eau sur le continent sont liées à la préparation inadéquate de projets bancables, ainsi qu’à un manque de connaissances techniques dans le développement des projets hydrauliques. L’AIP mettra aussi l’accent sur le partage des connaissances et le renforcement des capacités des États membres de l’UA. Le programme a été adopté dans le cadre de la deuxième phase du Plan d’action prioritaire du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA-PAP 2) de l’Agence de développement de l’UA. Il s’agit d’un portefeuille stratégique de projets proposés par les Communautés économiques régionales et les États membres de l’UA pour être mis en œuvre entre 2021 et 2030, sous la direction de l’Auda-Nepad.
Inès Magoum