Dans son rapport « Utilisation durable des espèces sauvages » publié le 8 juillet 2022, la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) pose un constat général. La survie de l’humanité dépend de 50 000 espèces sauvages. Pour arrêter la disparition de ces espèces, l’IPBES préconise entre autres, le recours aux techniques ancestrales de conservation de la biodiversité.
Publié le 8 juillet 2022 à Born en Allemagne, le rapport de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) présente les peuples autochtones et les communautés rurales comme des facteurs incontournables de la préservation des espèces sauvages. Le rapport explore l’utilisation des espèces sauvages par les peuples autochtones et les communautés locales, ainsi que leurs vastes connaissances, pratiques et croyances concernant ces utilisations.
Les peuples autochtones gèrent la pêche, la cueillette, la chasse d’animaux terrestres et d’autres utilisations d’espèces sauvages sur plus de 38 millions de km2 de terres, soit l’équivalent d’environ 40 % des aires terrestres conservées, dans 87 pays. « Des politiques soutenant des droits fonciers sûrs et un accès équitable aux terres, aux pêches et aux forêts, ainsi que la réduction de la pauvreté, créent des conditions propices à l’utilisation durable des espèces sauvages », souligne le rapport.
Les 50 000 espèces sauvages qui garantissent la survie de l’humanité
La promotion du rôle écosystémique joué par des peuples autochtones et des communautés rurales est une réponse à la disparition des espèces sauvages. Ces dernières décennies, le réchauffement climatique et l’activité humaine ont intensifié la crise de la biodiversité, menaçant directement une grande variété d’espèces sauvages telles que les plantes (dont les algues), les champignons et les animaux, terrestres et marins. Et pourtant le rapport de l’IPBES révèle que la survie de l’humanité dépend de celle de 50 000 espèces sauvages. Elles valent aussi bien pour l’alimentation, que l’énergie, les matériaux, la médecine, les loisirs, et d’autres besoins humains.
«Avec environ 50 000 espèces sauvages utilisées par différentes pratiques, dont plus de 10 000 espèces sauvages récoltées directement pour l’alimentation humaine, les populations rurales des pays en développement sont les plus menacées par une utilisation non durable, le manque d’alternatives complémentaires les obligeant souvent à exploiter davantage les espèces sauvages déjà. à risque », explique le Dr Jean-Marc Fromentin (France), qui a coprésidé l’évaluation avec le Dr Marla R. Emery (États-Unis/Norvège) et le professeur John Donaldson (Afrique du Sud).
Le « Giec de la biodiversité »
Souvent décrit comme le « GIEC de la biodiversité », l’IPBES est un organisme intergouvernemental indépendant composé de 139 gouvernements membres. Créé en 2012, il fournit aux décideurs politiques des évaluations scientifiques objectives sur l’état des connaissances concernant la biodiversité de la planète, les écosystèmes et les contributions qu’ils apportent aux populations, ainsi que les outils et méthodes pour protéger et utiliser durablement ces actifs naturels vitaux.
Le rapport d’évaluation de l’IPBES sur l’utilisation durable des espèces sauvages est le résultat de quatre années de travail de 85 scientifiques, et détenteurs de connaissances autochtones et locales, ainsi que de 200 auteurs contributeurs, s’appuyant sur plus de 6 200 sources. Cette évaluation a été spécifiquement demandée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites). L’étude éclairera les décisions concernant le commerce des espèces sauvages lors de la 19e Conférence mondiale sur la faune sauvage à Panama en novembre 2022.
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Il présente également une pertinence immédiate pour les travaux de la prochaine Convention sur la diversité biologique visant à forger un nouveau cadre mondial de la biodiversité pour la prochaine décennie.
Boris Ngounou