La croissance démographique mondiale, au cœur de laquelle se situe l’Afrique, implique la réalisation de grands défis, notamment en matière d’alimentation. Pour assouvir la faim du monde sans provoquer la fin du monde. Le World Ressources Institute et ses partenaires, préconisent une agriculture écologique. L’Afrique est d’autant plus concernée, qu’en 2100 le continent pourrait représenter plus de 39 % de la population mondiale.
Le 1er janvier 2018, la population mondiale était estimée à 7,63 milliards d’habitants. Les statistiques des Nations unies prévoient qu’en 2050, cette population atteindra 9,8 milliards d’habitants. Rendue à cette échéance, la population africaine sera passée de 1,2 milliard à 3 milliards d’habitants.
L’accroissement démographique a pour principal effet, l’augmentation des besoins alimentaires. Lesquels sont à leur tour source de pression croissante sur les ressources naturelles difficilement, couteusement ou lentement renouvelables. La pression démographique entraine le plus souvent une surexploitation des nappes phréatiques pour l’agriculture irriguée, qui fait baisser le niveau des aquifères un peu partout dans le monde. En Afrique, cette pression démographique a contraint les ménages ruraux (estimés à près de 600 millions de personnes) à adopter des pratiques agricoles qui assurent leur survie, en négligeant l’accroissement du rendement des cultures à l’hectare.
Ainsi, pour répondre aux besoins de nourrir, de manière convenable, une population sans cesse croissante, sans toutefois porter atteinte à l’environnement, le World Ressources Institute (WRI) propose trois solutions.
L’Afrique doit implémenter une agriculture plus rentable à l’hectare, et basée sur des principes écologiques
En collaboration avec ses partenaires que sont la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour l’environnement, le World Ressources Institute a publié en décembre 2018, un rapport de synthèse issu d’un projet d’une dizaine d’années de travail pour répondre à la question : « Comment pourrons-nous nourrir de manière durable une humanité dont les effectifs pourraient atteindre 9,8 milliards de personnes en 2050 ? » Dans le bouquet de 22 réponses à cette question, trois d’entre elles consistent à adopter une agriculture beaucoup plus rentable avec beaucoup moins d’émissions de gaz à effet de serre.
Les chercheurs WRI préconisent le mariage entre une agriculture intensive (beaucoup plus de rendements sur des espaces réduits) et des programmes de protection et de restauration des forêts, marais et tourbières. Intensifier l’agriculture urbaine est aussi une bonne idée. Des cibles de réduction des émissions de GES devraient être liées à la performance des agriculteurs, par exemple avec des crédits compensatoires. Car l’expansion continue des cultures s’est faite aux dépens d’autres usages des ressources naturelles. L’une des conséquences de ce phénomène a été la destruction rapide des ressources forestières par le défrichement et la surexploitation des terres aux fins de production de bois de feu et d’autres utilisations domestiques.
Il faut ensuite limiter le gaspillage alimentaire, et augmenter la proportion de protéines végétales dans les modes de consommation. Car beaucoup de terres sont cultivées pour produire la nourriture des animaux que nous mangeons. Or, ces dernières consomment beaucoup plus de ressources (notamment d’eau) et sont plus émettrices de gaz à effet de serre.
Enfin, il faudrait augmenter la quantité de poissons disponibles dans l’alimentation. Cela passe par la stabilisation des débarquements de poissons sauvages et l’intensification de l’aquaculture, particulièrement de poissons végétariens. Le rendement de ces espèces est très avantageux en comparaison aux autres animaux d’élevage.
Selon les chercheurs du WRI, c’est à l’aune de ces propositions que le monde pourra se nourrir tout en réalisant l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement au-dessous de 2 degrés. L’agriculture doit émettre quatre fois moins de gaz à effet de serre par calorie produite que la proportion actuelle.
Boris Ngounou