L’exploration pétrolière menace une fois de plus la biodiversité en Afrique. Cette fois, la menace s’étend vers le sud du continent. Dans le bassin de l’Okavango, Reconnaissance Africa (ReconAfrica) va mener des explorations sur deux concessions de plus 35 000 km2. L’entreprise dont le siège social se trouve à Vancouver au Canada a obtenu ces concessions auprès des gouvernements botswanais et namibien.
Mais la perspective de l’exploitation pétrolière dans la région ne passe pas pour les organisations de protection de l’environnement qui sont désormais vent debout contre ce projet. « La fracturation et le forage du pétrole, qui peuvent avoir un impact sur les écosystèmes sensibles, comme le vaste bassin de l’Okavango, peuvent être préjudiciables non seulement aux communautés locales, mais aussi à une grande variété de flore et de faune », explique Frack Free Namibia qui vient de lancer une pétition en ligne.
L’organisation s’est par ailleurs associée à Fridays for Future Windhoek et Eden pour écrire à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), aux gouvernements du Canada et du Botswana, ainsi qu’au ministère namibien de l’Agriculture, de l’Environnement et des Mines. Objectif, sensibiliser sur les probables conséquences de l’exploration pétrolière dans le bassin du fleuve Okavango.
Le début des forages en décembre 2020
ReconAfrica prévoit de commencer l’exploration pétrolière au cours du mois de décembre 2020, à travers une première phase de trois forages. Les deux autres phases seront réalisées au cours des quatre prochaines années. L’étude de ces puits devrait déterminer la densité du pétrole dans la zone. « Suite à la déclaration d’une découverte commerciale, l’accord pétrolier donne droit à ReconAfrica à une licence de production d’une durée de 25 ans », explique ReconAfrica.
Mais les organisations de protection de l’environnement estiment que la réalisation de forages, fussent-ils exploratoires, porterait un coup dur à la riche biodiversité de la région. « La zone de prospection en Namibie et au Botswana borde trois parcs nationaux, le fleuve Okavango et la Panhandle, qui alimentent en eau le delta unique de l’Okavango, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. La zone de prospection chevauche également plusieurs conservatoires et forêts communautaires et Tsodilo Hills, un autre site du patrimoine mondial de l’Unesco », indiquent les trois organisations dans leur lettre commune.
La menace pour le parc transfrontalier de Kaza
Selon ces organisations de défense de l’environnement, seulement les bruits des engins de forage pourraient bouleverser la faune, notamment dans la Zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze (KAZA-TFCA). À en croire Fridays for Future Windhoek et Eden, et Frack Free Namibia, les concessions de ReconAfrica se trouvent à l’intérieure de cette fameuse zone des cinq frontières (Namibie, Botswana, Zimbabwe, Zambie et Angola) comprenant la majeure partie du bassin supérieur du fleuve Zambèze ainsi que le bassin et le delta de l’Okavango.
Une présentation des choses battue en brèche par le gouvernement namibien qui assure que « les sites de forages pétroliers ne sont pas situés le long des rives de l’Okavango dans la zone de conservation transfrontalière Kavango-Zambezi. Ils sont très éloignés du delta de l’Okavango ». Dans une note adressée à nos confrères de National Geographic, la même source indique qu’« aucune activité d’exploration pétrolière et gazière n’est autorisée dans les parcs nationaux et aucune licence chevauchant un parc national n’a été accordée. Tous les parcs nationaux ont été exclus des licences d’exploration pétrolière, y compris la zone PEL 73. Les membres du gouvernement, les communautés affectées et la société civile ont été tenus bien informés de ce programme ».
Quoi qu’il en soit, la Zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze abrite l’une des plus importantes populations d’éléphants en Afrique avec 130 000 pachydermes recensés côtés botswanais. Ces pachydermes, déjà pourchassés par les agriculteurs de la région sont extrêmement sensibles aux activités humaines dans leur espace naturel.
Jean Marie Takouleu