Louis Vuitton Moet Hennessey (LVMH), qui détient les marques telles que Louis Vuitton, Fendi, Christian Dior ou encore Marc Jacobs, vient d’imposer de nouveaux critères aux fermes africaines de crocodiles, qui approvisionnent sa tannerie. Le respect de l’environnement et la bientraitance de l’animal devront désormais conditionner tout achat de cuir exotique, par le numéro un mondial du luxe.
Les fermes africaines de crocodiles, notamment celles situées en Zambie, au Zimbabwe et au Kenya, devront être plus regardantes, en matière de normes environnementales. L’un de leurs grands clients, Louis Vuitton Moet Hennessey (LVMH), numéro un mondial du luxe, vient de durcir ses critères d’approvisionnement en cuir exotique. Les conditions, annoncées le 20 février 2019 par le groupe, précisent qu’il s’agit de garantir la préservation de l’espèce, le respect des communautés locales, le bien-être animal, les conditions de travail des hommes et des femmes au sein des fermes et la protection de l’environnement en général. S’ajoute à cette liste, la traçabilité dans les fermes de 100 % des peaux déjà en place.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une démarche du groupe LVMH, visant à garantir l’absence de réseaux de braconniers et de torture des animaux, dans son circuit d’approvisionnement en peaux de crocodile. Car, selon la Peta (People for the Ethical Treatment of Animals), une association américaine de défense des animaux, les reptiles vivants dans des fermes de crocodiles sont souvent confinés dans de minuscules fosses et parfois suppliciés alors qu’ils sont encore en vie et en train de se débattre.
Vers l’arrêt de la vente de produits fabriqués à partir de peaux animales ?
La décision prise par LVMH s’inscrit dans un mouvement global qui a commencé par la limitation et l’exclusion des fourrures. Sous la pression des défenseurs des animaux et grâce à l’arrivée de fourrures synthétiques de très haute qualité, les griffes ont renoncé, les unes après les autres, à l’usage de fourrure naturelle, qui ne représente pas non plus un gros chiffre d’affaires pour ces marques de luxe. Exception faite de Fendi, qui faisait de la résistance, sous l’impulsion de Karl Lagerfeld, qui a défendu jusqu’au bout l’usage de la fourrure et des métiers historiques du fourreur italien. Mais le vieux crocodile est mort le 19 février 2019, et l’histoire en marche ne s’arrêtera plus. Même si, le marché chinois reste un gros consommateur…
Concernant les peaux de reptiles (serpents, crocodile, lézard, galuchat…), qui entrent dans la fabrication des articles de mode, tels que les sacs, les chaussures, et ceintures, il s’agit d’une autre affaire. Les consciences sont plus longues à s’éveiller pour sauver un crocodile qu’un bébé phoque. Et, pour l’industrie du luxe, les sacs en peaux exotiques sont un produit de maroquinerie très rémunérateur, en forte croissance ces dernières années, en particulier sur les nouveaux marchés émergents.
La décision prise, le 4 décembre 2018, par la maison de haute couture Chanel sonne ainsi comme un coup de tonnerre annonciateur de futurs bouleversements. La marque va supprimer, à partir de mai 2019, les fourrures d’animaux dans ses créations… ainsi que les peaux exotiques. Tout ceci, au nom d’une éthique et du concept très tendance de « mode responsable », plébiscité par de nombreuses stars de cinéma, à l’instar d’Emma Watson et de Marion Cotillard.
Le communiqué de Chanel a mis la pression sur toute l’industrie du luxe. Et c’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’annonce faite par LVMH d’appliquer à l’avenir des critères responsables sur l’achat de peaux de reptiles, auquel le leader mondial du luxe ne semble pas vouloir renoncer, pour l’instant. Une lueur d’espoir est cependant permise pour les défenseurs de la cause animale, dans la mesure où le groupe LVMH compte désormais l’association Peta parmi ses actionnaires. Le 13 janvier 2017, l’association américaine de défense des animaux a acheté des parts dans Louis LVMH. Objectif : faire pression sur le groupe de luxe, afin de l’inciter à cesser la vente de produits fabriqués à partir de peaux animales.
Boris Ngounou