La résilience climatique de l’agriculture africaine passera-t-elle par la culture du mil et du sorgho ? Produits essentiellement en Afrique, ces deux céréales présentent des capacités records de résistance au stress thermique. Les données sont disponibles dans le rapport multi-agences de l’ONU sur l’état du climat en Afrique, publié le 26 octobre 2020.
L’un des aspects soulignés par le rapport multi-agences de l’ONU sur l’état du climat en Afrique, est la capacité de résilience climatique hors pair des cultures de mil et de sorgho. Le mil par exemple est capable de fleurir jusqu’à une température de 42 °C. Une performance exceptionnelle, qui permet à ces deux céréales de se développer dans les régions arides avec des exigences en eau de 250 mm/an, soit moins de la moitié du volume requis par le riz, 750 mm par an.
Dans un scénario où le réchauffement climatique est appelé à s’accentuer en Afrique, les experts de l’ONU estiment que le rendement moyen devrait diminuer de 5 % pour le mil et de 8 % pour le sorgho d’ici le milieu du siècle contre des baisses plus importantes de 12 % et 21 % respectivement pour le riz et le blé. L’Afrique qui fournit plus de la moitié de la production de mil, pourra dès lors maintenir son rang.
Le changement climatique a un impact croissant sur le continent africain
Le mil et le sorgho ont beau être résistants au réchauffement climatique, mais ils ne peuvent pas à eux seuls garantir les apports économiques de l’agriculture et la sécurité alimentaire du continent. Car des cultures de rente et première nécessité telles que le riz et le blé seront frappées de plein fouet, avec une perte de rendement d’ici 2050 de 12 % et 21 %, respectivement, dans le cadre d’un scénario prévoyant une augmentation de 1 °C à 4 °C des températures mondiales par rapport aux niveaux préindustriels. « Ce réchauffement est comparable à celui de la plupart des autres continents, et donc un peu plus rapidement que la température moyenne à la surface du globe. Les dernières prévisions décennales, couvrant la période de cinq ans allant de 2020 à 2024, montrent un réchauffement continu et une diminution pluviométrique, en particulier en Afrique du Nord et en Afrique australe, ainsi qu’une hausse des précipitations au Sahel » lit-on dans le rapport.
Il y a tout de même une note positive dans ce rapport, à savoir l’implication de plus en plus importante des pays africains dans la lutte contre le changement climatique. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) révèle que plus de 90 % des pays africains ont ratifié l’Accord de Paris et plusieurs se sont engagés à passer à l’énergie verte dans un laps de temps relativement court. Les énergies renouvelables et l’agriculture sont par exemple prioritaires dans plus de 70 % des Contributions déterminées au niveau national (CDN) africaines, édictées dans le cadre de l’Accord de Paris.
Boris Ngounou