Les représentants de 175 pays approuvent l’élaboration d’un accord international visant la fin de la pollution plastique d’ici à 2024. La résolution est intervenue au terme des assises de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (Unea) qui ont eu lieu le 1er mars 2022 à Nairobi, la capitale du Kenya.
La planète triomphe sur les plastiques à usage unique. À l’issue de ses assises le 1er mars 2022 dans la capitale kenyane Nairobi, l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (Unea) a adopté une résolution instituant un Comité intergouvernemental de négociation (CIN) devant établir un accord international visant la lutte contre la pollution plastique. Ce traité portant sur l’ensemble du cycle de vie du plastique notamment sa production, son utilisation et son élimination, entrera en vigueur d’ici à 2024.
Durant les deux prochaines années, le CIN réfléchira également sur la conception de matériaux réutilisables et recyclables, et la nécessité d’une collaboration internationale renforcée pour faciliter l’accès aux technologies, le renforcement des capacités et la coopération scientifique et technique. Il sera donc question de s’attaquer à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement du plastique afin d’aboutir à un texte solide sur les pollutions marines et terrestres.
Selon l’association professionnelle Plastics Europe basée en France, la mise en place d’une nouvelle approche sur la pollution et le traitement des déchets permettront de résoudre le problème mondial de la pollution plastique si les gouvernements adoptent des mesures adaptées à leurs contextes locaux à l’heure où la planète est de plus en plus vulnérable.
Une situation alarmante
À en croire le magazine britannique, le New Scientist, le monde a produit 381 millions de tonnes de plastique en 2015 dont une bonne partie provient des pays en voie de développement et finissent dans les océans du fait du manque de moyens pour le recyclage. Selon la même source, la production de plastique a explosé de 2 millions de tonnes en 1950 à 460 millions de tonnes en 2019 dont moins de 10 % sont actuellement recyclées et 22 % sont abandonnées dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou rejetées dans l’environnement.
Aujourd’hui, la production et l’utilisation du plastique ont des impacts considérables sur la triple crise planétaire, le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité et de la pollution qui menacent le monde. Les experts de la santé évoquent même des atteintes à la santé humaine en ce sens que le plastique affecte potentiellement la fertilité, l’activité hormonale, métabolique et neurologique. De plus, la combustion à l’air libre des plastiques contribue à la pollution atmosphérique. Dans ce contexte, les émissions de gaz à effet de serre associé à la production, à l’utilisation et à l’élimination des plastiques représenteront 15 % des émissions autorisées d’ici à 2050, dans le cadre de l’objectif visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5° Celsius.
D’après Espen Barth Eide, président de la 5e Unea et ministre norvégien du Climat et de l’Environnement, cette résolution adoptée par 175 pays repose sur une quinzaine de sujets en réflexion parmi lesquels la promotion d’une production et d’une consommation durable du plastique et la favorisation de l’écoconception des produits, la gestion écologique des déchets et l’économie circulaire.
Des mesures concrètes
« Avec quelque 11 millions de tonnes de déchets plastiques qui se déversent chaque année dans les océans, plus de 800 espèces marines et côtières sont affectées par ingestion, enchevêtrement et autres dangers. Ainsi, le passage à une économie circulaire peut réduire de plus de 80 % le volume de plastique entrant dans les océans d’ici à 2040, réduire de 55 % la production de plastique vierge, faire économiser 70 milliards de dollars aux gouvernements d’ici à 2040, réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre et créer 700 000 emplois supplémentaires, principalement dans les pays du Sud », estime l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
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Pour Inger Andersen, directrice générale du Programme des Nations unies l’environnement (Pnue), il s’agit de l’accord multilatéral sur l’environnement le plus important depuis l’Accord de Paris de 2015. « C’est une police d’assurance pour cette génération et les suivantes, qui pourront vivre avec le plastique sans être condamnées par lui. Parallèlement aux négociations sur un accord international contraignant, le Pnue travaillera avec tous les gouvernements et les entreprises qui le souhaitent, tout au long de la chaîne de production, pour abandonner les plastiques à usage unique, ainsi que pour mobiliser les financements privés et supprimer les obstacles aux investissements dans la recherche et dans une nouvelle économie circulaire », explique-t-elle.
Benoit-Ivan Wansi