AFRIQUE : Suez accélère sur la technologie pour la gestion des services essentiels

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Le groupe Suez a organisé récemment son Innovation Day à Paris en France. Objectif : présenter ses innovations et solutions pour la gestion de l’eau et des déchets, ainsi que la réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2), l’un des gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement de la planète. À ce jour, le groupe travaille avec 1 100 experts de 30 nationalités, avec au moins 1 700 brevets déposés.

« Suez veut faire de l’innovation le moteur de son développement ». Sabrina Soussan s’est ainsi exprimée à l’ouverture du Suez Innovation Day à Paris le mardi 20 juin 2023. Objectif de l’évènement : présenter les innovations et les solutions face aux défis de la gestion des déchets et de l’eau dans le monde. Pour la présidente directrice générale du groupe Suez, la fourniture des services essentiels « doit évoluer pour mieux répondre aux défis actuels, notamment le changement climatique ».

En Afrique, le changement climatique se traduit par le stress hydrique qui touche particulièrement le Maghreb, l’Afrique australe et la corne de l’Afrique. Face à ce phénomène qui devrait s’intensifier au cours des prochaines années, Suez propose la dépollution de la ressource disponible et la réalimentation des nappes phréatiques. La technique consiste, pour le cas par exemple de la région parisienne en France, au pompage de l’eau de la Seine qui traverse la capitale Paris, pour la réinjecter dans la nappe après un prétraitement pour éliminer les polluants.

La réalimentation permet ainsi de maintenir l’équilibre entre le fleuve et les nappes phréatiques autour du bassin parisien. Cette solution est particulièrement intéressante dans un contexte marqué par le changement climatique qui se manifeste également par la montée du niveau de la mer et l’intrusion saline dans les terres agricoles et les nappes phréatiques. Sur un territoire côtier où la ressource en eau est un enjeu essentiel au carrefour de multiples usages (potable, industriel et agricole), l’intrusion de l’eau salée dans les eaux douces peut se révéler désastreuse.

Au-delà de la construction des infrastructures de traitement, Suez met un accent sur les réseaux de distribution et de collecte. Car, « les enjeux et le coût des infrastructures réseaux sont bien souvent sous-estimés.. Suez a mis au point des technologies d’inspection par robot et par drone, ainsi que la télédétection pour les réseaux d’eau potable et d’assainissement », explique Jérôme Bailly, le directeur Innovationdu Groupe.

L’enjeu du recyclage des pales d’éoliennes

Lors du Suez Innovation Day, Sabrina Soussan a une nouvelle fois réitéré l’ambition de son groupe « d’augmenter de 50 % le budget alloué à la recherche et développement d’ici 2027.. Ces activités seront mises en œuvre à travers 10 centres de R&D et d’Excellence à travers le monde ». Pour le moment, les recherches menées par le groupe qui affiche un chiffre d’affaires de 8,8 milliards d’euros ont abouti à des solutions de réutilisation des eaux usées traitées face au stress hydrique, notamment dans l’usine de Gabal exploitée par le groupe Suez.

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Aussi, « Suez transforme les boues d’épuration en énergie pour l’alimentation de l’usine de traitement des eaux usées d’Alexandrie Est en Égypte », a rappelé Jérôme Bailly. Les recherches du groupe s’étendent aussi au recyclage des pales d’éoliennes. Une nécessité aux vues du développement de vastes parcs éoliens partout dans le monde, et notamment en Afrique.

Les pales d’éoliennes sont composées d’acier, de béton, d’aluminium et de cuivre. Selon Jérôme Bailly, la nouvelle technologie de Suez permet de valoriser une éolienne, pale comprise, à 99%. Pour ce faire, le groupe a mis au point un système d’onde sonore qui permet d’identifier chaque matériau contenu dans les pales et de mieux le cibler lors de la découpe de la pale. Cette phase est suivie du broyage, ainsi que du tri des différents éléments dans un bain densimétrique qui permet la séparation de matériaux, résine et fibre de verre.

Le potentiel en Afrique

Suez met en œuvre ce procédé sur le site de Narval en Normandie, dans le nord de la France. Cette solution a été développée dans le cadre du projet Zero WastE Blade Reseach  (ZEBRA), piloté par le centre de recherche technologique IRT Jules Verne. Cette innovation permet aussi le recyclage des batteries dédiées au stockage de l’électricité pour des centrales solaires photovoltaïques et les voitures électriques. La solution est mise au point au moment où certains pays africains misent davantage sur l’éolien pour la diversification de leur mix électrique. C’est le cas de l’Égypte où les parcs éoliens sont construits à tour de bras dans le golfe de Suez. L’Afrique du Sud s’appuie également sur l’éolien pour sa transition énergétique. Les parcs construits depuis quelques années devraient être mis hors service d’ici une vingtaine d’années.

Dans la foulée, le groupe accélère ses recherches sur la gestion des déchets. « Sur les douze derniers mois, et pour la première fois dans l’histoire de Suez, on a démarré autant de projets dans le domaine des déchets que dans le domaine de l’eau », explique Jérôme Bailly. Et parmi les sujets phares figurent le tri, depuis les foyers jusqu’aux centres dédiés.

Quid de l’ingénierie financière ?

Après le tri, les déchets non recyclables sont brulés pour produire de l’énergie. Sauf que la combustion des déchets produit du dioxyde de carbone (CO2). « Suez travaille au captage et à la valorisation de ce gaz à effet de serre (GES) en produit chimique », indique le directeur de l’Innovation du Groupe basé à Paris. Et d’annoncer que la première installation de captage devrait être construite à l’horizon 2027-2030 à Haverton Hill au Royaume-Uni. Le CO2 capturé peut être utilisé dans la fabrication de différents produits, notamment le carburant d’aviation durable qui fait actuellement l’objet recherche intense pour la décarbonation du transport aérien.

À côté de la recherche technologique sur le développement des infrastructures, il faut aussi une ingénierie financière qui l’accompagne. Dans ce cadre, le groupe participe à la mise en place de partenariats public-privé (PPP), notamment en Tunisie récemment avec l’obtention de la concession pour la gestion de l’assainissement liquide dans quatre gouvernorats du sud du pays, en partenariat avec Segor, le groupe Scet (Services Conseil Expertises et Territoires) et la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat).

Jean Marie Takouleu

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