Survival International a lancé une pétition contre l’un des objectifs du « One Planet Summit 2021 ». Selon l’ONG, transformer 30 % des terres en aires protégées d’ici à 2030 est une forme de « colonisation verte », qui risque de nuire à la vie de 300 millions de personnes, dont les autochtones d’Afrique, les véritables gardiens des forêts.
Survival International, le mouvement mondial pour les peuples autochtones dénonce l’objectif de 30 %, une campagne, « ourdie » par les Nations unies, qui vise à fédérer les dirigeants mondiaux sur la transformation de 30 % de la Terre en aires protégées d’ici 2030. La sortie de l’ONG est consécutive au « One Planet Summit 2021 », un événement au cours duquel les organisateurs, notamment le président français Emmanuel Macron a appelé les nations et les acteurs de la conservation de la nature à œuvrer pour l’objectif 30 % soit adopté lors du prochain sommet de la Convention sur la diversité biologique, qui se tiendra en Chine en septembre prochain.
Mais pour Survival Internationale, cet objectif qui s’inscrit dans le cadre d’un phénomène que l’ONG dénonce depuis sa création à Londres en 1969, à savoir « la colonisation verte ». « Le gouvernement français ne voit pas à quel point ces projets sont destructeurs pour les peuples autochtones qui ont habité et géré de prétendues “zones sauvages” pendant des générations — mais qui sont censés faire place à la conservation de la nature. L’objectif des 30 % ne suit même plus la science, qui a clairement montré au cours de la dernière décennie que les droits territoriaux des peuples autochtones sont essentiels à la conservation de la biodiversité » s’indigne Stephen Corry, le directeur de Survival International.
Les écogardes martyrisent les peuples de la forêt en Afrique
En 2018, Survival International a lancé une campagne pour empêcher la création d’un nouveau parc au Congo, pour que la forêt soit laissée entre les mains de ses véritables propriétaires et protecteurs. Selon l’ONG, les pygmées Baka y ont été expulsés par les gardes forestiers qui reçoivent des primes lorsqu’ils les arrêtent. Toujours selon la même source, ces gardes forestiers, financés et soutenus par le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont frappé et torturé les Baka, volé leurs biens et brûlé leurs camps. Alors que les parcs restent ouverts à la chasse sportive, nocive à la faune sauvage et aux touristes dont les déchets plastiques polluent l’environnement.
Cette manière de conserver les forêts prendra davantage de l’ampleur, si l’objectif de 30 % venait à être adopté. Car pour Survival International, il s’agit d’une pratique nuisible à l’environnement et qui s’enracine dans des idées racistes et écofascistes qui consistent à déterminer quelles personnes valent plus, lesquelles valent moins, et lesquelles peuvent être expulsées et appauvries, ou attaquées et tuées.
Boris Ngounou