Au Rwanda, Uzuri K&Y une start-up spécialisée dans le recyclage de pneus usés en semelles de chaussures envisage de développer son réseau industriel en Tanzanie et en Afrique du Sud, deux pays où les décharges urbaines sont à l’origine d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre.
La start-up qui vient également de lancer une nouvelle ligne de chaussons d’intérieur cible des articles importés qu’elle remplacera par des produits locaux et durables afin de développer la transformation et la valorisation des déchets dans ces deux autres pays africains, tout comme au Kenya où elle est déjà présente.
Depuis sa création en 2012 par Kevine Kagirimpundu et Ysolde Shimwe, Uzuri qui signifie « beauté » en swahili, a vendu plus de 44 000 paires de chaussures aux Rwandais comme aux touristes européens. Si les sandales en caoutchouc n’intéressent pas beaucoup les nationaux, la marque a réussi à convaincre sa clientèle étrangère par l’argument de la durabilité. La jeune pousse affiche un chiffre d’affaires de 300 000 dollars en 2021, malgré l’impact de la pandémie de Covid-19.
Avec une équipe permanente de 85 personnes dans sa principale usine de fabrication implantée à Gahanga dans la banlieue de Kigali, l’entreprise utilise du caoutchouc pour la semelle, du tissu biodégradable peint avec des teintures naturelles, du cuir végétal synthétique pour les autres parties de la chaussure, ainsi que des adhésifs naturels pour assembler le tout.
Le Rwanda veut réduire drastiquement sa production de déchets d’ici à 2050. Les multiples mesures prises par le gouvernement pour assurer la transition écologique offrent une opportunité aux entrepreneurs d’investir dans les tendances vertes durables qui sont de plus en plus à la mode.
Éliminer et valoriser les déchets du paysage rwandais
L’Autorité rwandaise de gestion de l’environnement (Rema) et la Fédération du secteur privé (PSF) ont investi en juin 2021 3 millions de dollars dans la construction d’une usine de recyclage des déchets plastiques en pavés à Mageragere, dans le district de Nyarugenge. Dès 2022, l’installation prendra en charge les bouteilles en polyéthylène téréphtalate (PET), des pailles, des cuillères, des couteaux, des sacs et des matériaux de construction en plastique.
Le Rwanda est également associé à l’échelle continentale dans l’initiative « Circular Plastics Project », qui consiste à recycler les déchets plastiques collectés dans des pays à revenus faibles ou moyens comme le Kenya, le Rwanda et le Nigeria, en matériaux pour l’agriculture. À partir de ces déchets plastiques collectés et imprimés en 3D (trois dimensions) en outils agricoles, des chercheurs britanniques conçoivent des adaptateurs pour le dragage du sable, des refroidisseurs de lait non électriques et des éplucheuses machettes, etc.
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Par ailleurs, les autorités rwandaises ont lancé récemment un projet visant à doter chaque district du pays d’un point de collecte des déchets électroniques. Le projet est mis en œuvre en partenariat avec Enviroserve Rwanda Green Park, la filiale d’Enviroserve, une entreprise basée à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Selon le gouvernement rwandais, 10 000 tonnes de déchets électroniques sont générées chaque année dans le pays.
Benoit-Ivan Wansi