Le cobalt est un minerais indispensable à la fabrication des batteries et véhicules électriques. La RDC et la Zambie, qui totalisent à elles seules près de 80% des réserves mondiales de cobalt, ont décidé de mettre sur pieds une chaîne de valeur africaine de production des batteries et véhicules électriques. Le partenariat consiste entre autres à tirer profit d’un marché qui pèsera environ 46 milliards de dollars d’ici à 2050. Ce projet était au cœur d’une conférence, tenue le 26 février 2023 à Niamey au Niger, en prélude à la neuvième session du Forum régional africain pour le développement durable (Fradd-9).
Lors du Forum des entreprises africaines (Africa Business Forum) qui s’est tenue à Kinshasa les 24 et 25 novembre 2021, un représentant de BloombergNEF a présenté une étude montrant que la République démocratique du Congo (RDC) pourrait exploiter ses réserves de cobalt pour devenir un producteur de matériaux précurseurs de cathodes de batteries qui serait compétitif du point de vue des coûts et des émissions de CO2. Cette étude révèle également que les coûts d’investissement en RDC étaient inférieurs à ceux de tous les autres principaux pays producteurs de batteries, en raison de leurs coûts relativement faibles de développement de projets, même en prenant en compte des coûts d’infrastructure, de main-d’œuvre et autres.
Cette opportunité pour la RDC repose sur le fait que le pays regorge à lui seul 70% des réserves mondiales de cobalt. Un minerai indispensable à la fabrication des batteries électriques. Pour saisir cette opportunité la RDC s’est alliée à la Zambie, qui cumule pour sa part, 10% des réserves mondiales de cobalt. Les deux pays ambitionnent de créer une chaîne de valeur africaine pour les minéraux servant à la fabrication de batteries.
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Les deux États sont aidés en cela par des partenaires au développement tels que la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et la Commission économique africaine (CEA). Pour cet organisme des Nations unies, le projet devra bénéficier à tout le continent. « Les minéraux entrant dans la chaîne de valeur de la production des batteries et véhicules électriques sont présents dans tous les pays africains. Et pour passer à la production des véhicules électriques, nous avons besoin des pays africains qui ont déjà l’expertise en la matière, notamment l’Afrique du Sud, le Maroc, le Kenya, et Rwanda. », explique Antonio Pedro, le Secrétaire exécutif par intérim de la CEA.
L’étude de faisabilité du projet
La CEA, AfreximBank et un consortium de partenaires travaillent directement avec la République démocratique du Congo et la Zambie à la mise en place d’une chaîne de valeur des minéraux servant à la fabrication de batteries.
Une étude de faisabilité du projet de la création d’une chaîne de valeur régionale africaine pour les minéraux servant à la fabrication de batteries et véhicules électriques sera lancée dans les prochains jours par la CEA. Il s’agira entre autre d’estimer le coût du projet ainsi que l’origine des financements, de définir le cadre juridique et politique devant encadrer l’activité, et analyser les compétences africaines dans le domaine.
Cette étude de faisabilité s’ajoutera aux avancées déjà réalisées par la RDC et la Zambie, notamment la mise sur pied d’un cadre de coopération pour le développement des batteries électriques, la création d’un Centre d’excellence africain sur les batteries (CAEB), et la mise en place du Conseil des batteries RDC-Zambie.
Un marché d’environ 46 milliards de dollars
Les enjeux d’une chaîne de valeur africaine des minerais nécessaires à la fabrication des batteries électriques sont colossaux. Dans les 25 prochaines années, le marché des batteries électriques devra atteindre les 46 milliards de dollars. L’enjeu est aussi écologique, quand on sait que le cobalt entre aussi dans la fabrication des panneaux solaires et les parcs éoliens.
Ce qui constituerait du pain bénit, pour un continent comme l’Afrique, où près de 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité, selon la Banque Mondiale.
Boris Ngounou