L’eau pour la paix. C’est le thème de l’édition 2024 de la Journée mondiale de l’eau. Elle est célébrée ce 22 mars alors que 2,2 milliards de personnes sur la planète (chiffres Nations unies) n’ont toujours pas accès à cette ressource vitale. Cette situation qui concerne aussi bien les zones rurales que les zones urbaines devrait s’accentuer au cours des prochaines années avec la croissance démographique et les effets du changement climatique (sècheresse).
Face à l’exacerbation des conséquences du manque d’accès à l’eau potable que sont la famine, les maladies, les migrations et les conflits transfrontaliers, plusieurs chercheurs africains, notamment des environnementalistes, des sociologues et même des économistes interpellent les politiques de gestion urbaine de l’eau sur le continent à travers leurs ouvrages. C’est le cas du livre Accès à l’eau potable- les grands défis pour le Cameroun et la Côte d’Ivoire paru le 11 mars 2022. Au fil des 190 pages éditées par l’Harmattan, les coauteurs Joseph Esoh Elame et Annie Beka Beka retracent dans un premier temps les « réalités » des citadins ivoiriens et camerounais pour s’approvisionner au quotidien.
Les villes africaines au cœur de l’ODD6
Ils proposent ensuite aux États ainsi qu’aux bailleurs de fonds et aux organisations non gouvernementales (ONG) qui accompagnent les municipalités d’Afrique subsaharienne de « tenir compte de la relation dialectique qui existe entre les adductions d’eau potable (AEP), le droit de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement et le plan d’urbanisme ». Pour ces universitaires, cette démarche est un impératif pour l’atteinte du sixième objectif de développement durable (ODD6) d’ici à 2030, en particulier pour un pays comme le Cameroun.
En effet, malgré une capacité installée de production d’eau estimée à 731 080 m3 par jour et une capacité totale de stockage d’environ 253 374 m3 (Institut national de la statistique, INS), la couverture en eau potable de ce pays d’Afrique centrale reste précaire. Mais les autorités ont bien compris l’urgence et multiplient les initiatives parmi lesquelles le Plan directeur d’approvisionnement qui vise depuis 2022 la construction de 20 centres de production d’eau potable d’une capacité totale de 300 000 m3 dans les villes de Manjo et Dibombari (région du Littoral), Bambui, Bambili, Nkambé, Bali et Fundong région du Nord-Ouest), entre autres.
Optimiser le marché de l’eau en milieu urbain
Le second livre publié en 2014 aux éditions des Presses académiques francophones est intitulé : L’accès à l’eau potable dans les villes africaines : un exemple d’estimation des bénéfices de l’approvisionnement pour les ménages dans la ville de Parakou (Bénin). « Des bénéfices qui s’élèvent à 274 francs CFA (moins d’un euro) par m3 d’eau achetée par les ménages et qu’il est possible de récupérer », indique Yves Yao Soglo dans son recueil de 108 pages.
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L’auteur, né à Lomé au Togo et scolarisé tour à tour au Bénin et au Burkina Faso, a lui-même expérimenté le stress hydrique qui touche l’Afrique de l’Ouest ces dernières décennies. Et dix ans après la publication de son ouvrage, on peut dire que ses analyses économétriques et ses suggestions de résilience ont porté du fruit dans la mesure où le taux d’accès à l’eau dans les villes béninoises est passé de 68% en 2014 à 76% en 2023, selon les chiffres officiels.
Benoit-Ivan Wansi