Le gouvernement algérien réinscrit la forêt de Djebel Babor au statut d’aire protégée. Une décision consécutive aux nombreuses démarches entreprises par les organisations de défense de la nature, à l’instar de l’AREA-ED, qui se bat notamment pour les espèces endémiques que regorge la forêt de Djebel Babor.
Elles sont nombreuses, ces organisations de protection de la nature, qui ont poussé un ouf de soulagement, à la suite de la décision prise le 28 mai 2019 par le ministère algérien de l’Agriculture et de l’Environnement. Il s’agit de la reclassification de la forêt de Djebel Babor, au rang de parc national. La végétation luxuriante qui recouvre la chaîne des Monts d’Atlas au nord de l’Algérie redevient une aire protégée après 34 ans d’abandon.
Cette décision du gouvernement algérien est consécutive aux nombreux plaidoyers menés par les organisations de défense de la nature, à l’instar de l’association de réflexion, d’échanges et d’actions pour l’environnement et le développement (AREA-ED). Celle-ci s’est notamment illustrée à travers l’organisation régulière d’activités, consistant à informer et à sensibiliser les pouvoirs publics et le public local à la fragilité des écosystèmes et de la biodiversité des Babors, ainsi qu’aux menaces que représentent les actions humaines et les changements climatiques sur ce site au potentiel unique.
La forêt de Djebel Babor regorge d’espèces endémiques de singes et d’oiseaux
Le Djebel Babor, ou Grand Babor, cette chaîne de montagnes qui, culminant à 2 004 m d’altitude au nord de l’Algérie, est caractérisée par un climat froid et humide, avec de fortes chutes de neige en automne et en hiver et des précipitations dépassant les 1 700 mm/an. Sa végétation est constituée d’une forêt mixte de résineux et de feuillus (Sapin, Cèdre et Chêne zéen). C’est le seul endroit au monde, où vivent les Sitelles kabyles, une espèce d’oiseaux découverte dans cette forêt le 5 octobre 1975, par le belge Jean-Paul Ledant.
Et des recherches menées par l’AREA-ED et le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF), ont révélé que la zone était plus importante encore sur le plan écologique, car elle héberge d’importants sites de nidification pour les rapaces et présente 32 00 espèces d’oiseaux protégées par la loi.
La forêt de Djebel Babor, est également le refuge des singes magots (Macaca sylvanus), appelés aussi macaques de Barbarie ou macaques berbères, des mammifères sauvages de l’ordre des primates. Il s’agit d’une espèce endémique de ces régions, qui vit essentiellement en Algérie, au Maroc, et dans de moindres proportions, à Gibraltar (territoire britannique d’outre-mer sur un promontoire situé sur la côte sud de l’Espagne). En 2010 une étude menée par la direction du Parc national du Djurdjura avait dénombré 4600 macaques, contre 5500, 30 ans plus tôt.
C’est dire tout l’intérêt que les ONG de protection de la nature accordent à la protection de la forêt de djebel Babor. Sa réinscription au statut de parc National génèrera de meilleurs investissements et une meilleure protection de la forêt et des espèces menacées d’extinction qui y habitent.
Boris Ngounou