Le gouvernement algérien prépare la mise en place d’un nouveau plan d’urgence qui fera la part belle au dessalement de l’eau de mer dans sa politique d’approvisionnement en eau potable. Comme la plupart des pays d’Afrique du Nord, l’Algérie doit trouver des solutions alternatives pour sa population, face au stress hydrique.
Le dessalement de l’eau de mer est désormais au centre de la politique du gouvernement algérien en matière d’approvisionnement en eau potable, comme en témoigne le plan d’urgence que prépare Alger. Objectif, augmenter la capacité installée de dessalement de ce pays d’Afrique du Nord. Le nouveau plan d’urgence intervient à la suite d’un premier plan qui permettra la construction de trois nouvelles installations de dessalement d’une capacité cumulée de 150 000 m3 par jour à l’est de la capitale Alger.
Selon Mohamed Arkab, le ministre algérien des Énergies et des Mines, le nouveau plan prévoit, dans la première phase, la construction d’une station de dessalement au Cap Djenat, d’une capacité de 400 000 m3 par jour. À l’ouest d’Alger, une autre usine verra le jour pour une capacité de 250 000 m3 par jour, ainsi qu’une troisième de 250 000 m3 par jour dans la wilaya d’El Tarf. Le gouvernement algérien veut doter chaque wilaya côtière d’une usine de dessalement de l’eau de mer.
Le stress hydrique
Ainsi, le ministère algérien des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique étudie la possibilité de construire d’autres usines d’osmose inverse dans les wilayas d’Oran, de Mostaganem, de Jijel, de Skikda, de Béjaïa et de Tizi Ouzou. La construction de ces nouvelles usines de dessalement témoigne du niveau de stress hydrique que connaît l’Algérie. Actuellement, le pays prélève la ressource nécessaire à l’approvisionnement de ses populations et l’agriculture de ses barrages.
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L’Algérie compte 94 barrages et cinq autres en construction, répartis sur tout le territoire national. Les autorités prévoient d’en construire davantage pour atteindre 139 à l’horizon 2030. La seule région d’Alger compte trois barrages, Douéra, El-Hamiz et Keddara. Mais la capacité de remplissage de ces installations devient de plus en plus faible, à cause du stress hydrique qui s’intensifie.
La fréquence des pénuries d’eau d’ici à 2024
Et la situation est bien plus alarmante, avec le niveau de remplissage des barrages jugé assez faible, à cause de précipitations moins abondantes, doublée à de fortes chaleurs observées ces dernières semaines. La situation la plus inquiétante concerne le barrage de Koudiet Asserdoune au sud-ouest de Bouira, et qui est la deuxième plus grande retenue d’eau d’Algérie avec une capacité de stockage de 640 millions m3. En mai 2021, son niveau de remplissage était de 5,82 %, contre 9 % au mois de février, rapportent nos confrères d’El Watan dans l’édition du 11 mai 2021.
La situation est loin de s’améliorer puisque, l’Algérie figure parmi les pays qui affronteront de graves pénuries d’eau d’ici à 2040, cités dans le rapport 2015 du World Resources Institute (WRI). Dans son nouveau plan d’urgence, Alger prévoit la réaffectation des eaux de certains barrages. Avec la construction des nouvelles usines de dessalement, l’eau du barrage de Douéra qui alimente l’est d’Alger sera destinée à l’irrigation des terres agricoles. Le barrage Bouroumi fournira de l’eau aux wilayas de Tipaza et d’Ain Defla.
Jean Marie Takouleu