Le 27 novembre 2018, le ministre de l’Énergie, Mustapha Guitouni, a donné des détails à propos de la réalisation du programme de généralisation de l’application de l’efficacité énergétique au niveau des infrastructures. Il en ressort que les infrastructures pétrolières seront dotées d’énergies renouvelables d’ici à 2030. Même si l’enjeu principal de l’industrie pétrolière concernant l’atténuation du changement climatique est sans doute ailleurs...
L’Algérie va réaliser des avancées considérables dans le cadre de sa stratégie de mix énergétique, qui vise à produire 22 000 mégawatts (MW) d’électricité à partir des sources renouvelables, à l’horizon 2030. Une ambition qui se traduira par l’introduction des énergies renouvelables dans la production d’énergies fossiles, soit une solarisation des plateformes pétrolières.
Le cap a été fixé le mardi 27 novembre 2018 par le ministre algérien de l’énergie, le temps d’une conférence de presse qu’il a donné à Alger, au sortir de son passage devant les députés pour la défense du projet de loi de finance 2019. « L’Algérie aspire à couvrir 80% des besoins électriques des sites pétroliers, à partir de l’énergie solaire » a indiqué le ministre Mustapha Guitouni.
La première étape, du programme prévoit la production de 400 mégawatts d’énergie solaire, répartis sur les régions des hauts plateaux et du grand sud, notamment la centrale hybride de Hassi R’mel qui fonctionnera au gaz et à l’énergie solaire.
Par ailleurs, M. Guitouni a souligné la mise en œuvre des programmes de maitrise et de rationalisation de l’énergie, d’un montant d’environ 1,6 milliards d’euros, soit 218 milliards de dinars. Il s’agira de la généralisation de l’application de l’efficacité énergétique au niveau des infrastructures pétrolières et des foyers.
L’Algérie prévoit de lancer, d’ici à la fin de l’année 2018, la production de 200 MW, dont 50 MW dans le grand sud, par l’entreprise Shariket Kahrab wa Taket Moutajadida (Sktm), une filiale du groupe Sonelgaz (la compagnie chargée de la production, du transport et de la distribution de l’électricité et du gaz en Algérie). Parallèlement, le pays prépare un appel d’offres, via la Commission de régulation de l’électricité et du gaz, pour une production de 150 MW. Il sera ouvert aux investisseurs nationaux ou en association avec des étrangers.
La Sonatrach a déjà marqué le premier pas vers la solarisation de 80% de ses gisements de pétrole
La société nationale algérienne d’exploitation pétrolière, la Snatrach a procédé le 28 novembre 2018 à Bir Rebaâ Nord, dans le centre du pays, à l’inauguration de son premier parc solaire. La centrale qui a coûté 14,2 millions d’euros est composée de 31 320 panneaux photovoltaïques, disposés sur une surface de vingt hectares pour une capacité de production de 10 MW/an. L’électricité produite par cette centrale permettra d’alimenter le champ pétrolier de Bir Reaâ Nord, en lieu et place du gaz.
Par ailleurs, Snatrach a signé avec l’italien Eni (présent en Algérie depuis 1981), un accord pour la construction d’un laboratoire de recherche avancée et de développement sur le site de la centrale, pour tester les technologies solaires et hybrides dans un environnement désertique. Un texte a également été parafé par les deux associés, en vue de la création d’une coentreprise spécifiquement dédiée au secteur de l’énergie renouvelable en Algérie. Sonatrach entend « solariser » 80% de ses gisements.
Reste qu’à l’heure de la COP24, il n’est peut-être pas inutile de rappeler l’enjeu de la lutte contre le réchauffement climatique que pointe le résultat d’une étude scientifique parue en 2015 dans la revue Nature : pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C, 35 % des réserves de pétrole, 52 % de gaz et 88 % de charbon doivent rester sous terre.
Boris Ngounou