En Algérie, le gaz naturel est la richesse nationale numéro un. Le pays en est le 10e producteur au monde avec des sites gaziers mondialement connus comme celui d’In Amenas, à la frontière libyenne. La consommation locale est telle, que la production électrique du pays dépend presque exclusivement de cet hydrocarbure.
Depuis 2012, les autorités envisagent de se lancer dans les sources d’énergie beaucoup plus propre en matière de production d’électricité. Mais elles se hâtent… lentement. Après tout, le taux d’accès à l’électricité en Algérie est presque de 100 %. Toutefois, le ministre de l’Énergie Mustapha Guitouni qui était en déplacement à Tissemsilt (wilaya du centre de l’Algérie), en ce début du mois de février 2019, a laissé entendre qu’il allait accélérer les choses en relançant le Programme algérien de développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique (Penree).
Les premiers appels d’offres courant 2019
L’Algérie semble s’inspirer d’un autre pays du Maghreb, l’Égypte qui connaît, ces derniers mois, une hausse soudaine des projets de production d’électricité à parti d’énergies renouvelables, aussi bien dans le solaire que l’éolien. Il doit ce résultat à l’ambitieux programme Benban. En Algérie, Penree devrait davantage se concentrer sur le solaire. Selon Mustapha Guitouni, la commission de régulation de l’électricité en Algérie a élaboré un cahier de charge, qui devrait permettre d’attirer 70 investisseurs exclusivement dans le solaire.
Les projets solaires devraient voir le jour dans les Hauts-Plateaux algériens (nord) d’ici 2030. Ils devraient permettre de produire 22 000 MW. Selon l’agence Reuters qui cite une source au ministère de l’Énergie, l’Algérie se prépare à lancer des appels d’offres pour la construction des centrales solaires de 150 MW à partir de 2019. L’objectif est de produire 2 000 MW d’ici 2020.
Des économies de gaz
La même source, dont le nom n’est pas dévoilé, fait même savoir que Sonatrach, la puissante entreprise pétrolière nationale aurait déjà signé un accord avec l’entreprise italienne Ente Nazionale Idrocarburi (ENI) pour la construction d’une centrale solaire. Les deux entreprises sont déjà liées par un accord signé en novembre 2018, portant sur la coopération scientifique pour la réalisation d’un laboratoire solaire intelligent à Bir Rebaâ Nord, à plus de 4 200 km d’Alger, la capitale du pays. Toujours dans la même région, les deux entreprises ont mis en service, en novembre 2018, une centrale solaire d’une capacité de 10 MW par an. L’énergie produite est destinée au champ pétrolier de Bir Rebaâ Nord.
Pour Mustapha Guitouni, Penree devrait permettre de réaliser des économies de gaz. « Nous gagnerons 20 milliards de m3 de gaz, sachant que l’Algérie exploite actuellement 50 milliards de m3 de cette énergie pour la production d’électricité », explique-t-il. Ce programme impactera logiquement le mix énergétique de l’Algérie qui est aujourd’hui dominé à 98 % par le gaz.
Jean Marie Takouleu