Les 22 et 23 octobre 2018, Business France organisait à Paris les rencontres "Ambition Africa", qui réunissaient plus de 600 entreprises françaises et africaines. Trois tables rondes étaient consacrées aux thématiques de l'économie verte : les énergies renouvelables ; l’eau et les déchets ; les transports urbains. A l'issue desquelles un constant s'imposait: de nouveaux modèles émergent en Afrique, plus décentralisés, grâce au digital et avec un paiement à l'usage.
Ambition Africa, le nouveau rendez-vous de la coopération entre entreprises françaises et africaines, qui a vocation à devenir annuel, était organisé fin octobre à Paris par Business France. La première table ronde, en lien avec l’économie verte, s’est ouverte le lundi 22 octobre 2018. Elle était consacrée aux énergies renouvelables qui ne représentent actuellement que 5 % du mix énergétique sur le continent africain.
Les centrales hybrides solaire-gaz plébiscitées sur Ambition Africa
Yoven Moorooven, DG d’Engie Africa, et membre du panel proposé par Ambition Africa, a confirméle « potentiel exceptionnel de la géothermie de l’éolien et du solaire ». Pour ces deux dernières sources d’énergie, Yoven Moorooven estime que « le problème d’intermittence peut-être parfaitement géré par des systèmes hybrides, fonctionnant aussi au gaz. »
Linda Mabhena-Olagunju, DG de l’opérateur sud-africain, DLO Energy Resources Group, qui a déjà installé 42 MW sur place, pense également que « la combinaison photovoltaïque et gaz s’avère très efficace. »
De son côté, Sambou Wagué, ministre de l’Énergie et de l’eau du Malia confirmé que « pour atteindre les 10 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique de son pays, prévus en 2020, les centrales hybrides avec du solaire et du gaz, sont une voie dans laquelle le Mali veut s’engager. »
Mathilde Bord-Laurans, responsable de la division Energie à l’Agence Française de Développement (AFD) souhaite nuancer cette appréciation. Pour elle, « le gaz n’est pas toujours disponible et son prix est variable sur le long terme ». Elle conseille donc « d’arbitrer cette question au cas par cas et ne pas oublier l’hydroélectricité » comme énergie complémentaire du solaire. Sachant que dans ce cas il faut souvent pouvoir se raccorder au réseau électrique centralisé.
L’électricité passera aux deux tiers hors des réseaux centraux
À ce propos, Alban d’Hautefeuille, directeur de la division Afrique et Moyen-orient de Total solar, vantait les mérites « des solutions décentralisées qui permettent d’amener l’électricité rapidement à un plus grand nombre pour faire reculer la sous-électrification du continent. »
Tous les intervenants de cette table ronde d’Ambition Africa s’accordent d’ailleurs sur la complémentarité des approches. Yoven Mooroovenva même jusqu’à prédire que « 620 millions d’Africains vont être connectés ces prochaines années, de la manière suivante : 1/3 via le réseau national, 1/3 avec des mini-grids et 1/3 en “Solar home system“ (des kits solaires, Ndlr) qui sont des solutions viables, pas forcément subventionnées. »
Françoise d’Estais, Responsable de l’unité Finance, Département Énergie et Climat, ONU Environnement, a rappelé qu’au-delà de la production énergétique, l’enjeu majeur était l’efficacité énergétique qui permettait de réduire de 5 à 20 % la consommation. Elle a par ailleurs rappelé que les subventions pour les hydrocarbures restaient bien plus importantes que pour les énergies renouvelables.
Ambition Africa : Veolia parie sur les cartes prépayées pour l’eau potable
L’autre table ronde d’Ambition Africa, liée à l’économie verte, concernait l’accès à l’eau et la gestion des déchets. Également présent, Sambou Wagué a rappelé à cette occasion que les populations rurales de son pays n’étaient que 67 % à avoir accès à l’eau potable et qu’un programme d’action prioritaire devait permettre d’augmenter ce taux de 2 % par an. Autour de la table se retrouvaient par ailleurs quatre opérateurs de l’eau et des déchets : Veolia, Suez, Eranove et Derichebourg, tous concurrents sur des appels d’offres en Afrique. Du coup, l’ambiance était un peu contrainte. On a quand même retenu une information à peine distillée par Patrice Fonlladosa, PDG de Veolia Afrique et Moyen-Orient et Président du Comité Afrique de Medef international. À savoir : « la mise en place par Veolia, un peu partout en Afrique, de compteurs à prépaiement ». Une information évidemment déterminante, puisque le boom des énergies renouvelables en Afrique est très lié aux nouveaux moyens de paiements en « pay as you go ». Révolutionner le modèle économique d’approvisionnement de l’eau en Afrique pourrait changer la donne. À ce propos, le partenariat mis en place avec la start-up City Taps, semble particulièrement prometteur.
Sans densification des villes, pas de transports urbains efficaces
Le mardi matin, sur Ambition Africa, se tenait la table-ronde concernant les transports urbains pour accompagner la mobilité urbaine. Amadou Koné, ministre des Transports de la République de Côte d’Ivoire, a annoncé à cette occasion qu’en complément du métro, qui arrive à Abidjan en 2013, Smoove, le spécialiste français du vélo en libre-service, allait s’installer dans la capitale économique du pays. En parallèle, des pistes cyclables vont être aménagées. De son côté, Ibou Diouf, responsable du programme SSATP (Programme de politiques de transports en Afrique) de la Banque Mondiale, a vanté l’intérêt des bus à haut niveau de service (BRT en anglais) et a rappelé que la densification des villes, et donc l’instauration de plus de verticalité dans les habitations, était une condition sine qua non de la rentabilité des services de transports. Une remarque qui vaut d’ailleurs souvent pour toutes les infrastructures de réseaux : eaux, assainissement, mais aussi déchets et électricité.
Christoph Haushofer
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