Les paysans angolais ont perdu la sérénité. Dans ce pays d’Afrique australe, le dérèglement climatique a détruit les cultures, soumettant la population rurale à la précarité, comme dans le reste de la sous-région. Selon les dernières estimations de l’ONU, 45 millions de personnes sont menacées de faim dans cette partie du continent.
À Lubango, la capitale de la province de Huila au sud de l’Angola, la faim due au réchauffement climatique se traduit par le calvaire de la gente féminine. Les moyens de subsistance sont devenus rares dans cette région essentiellement agricole, et la plupart des hommes ont abandonné leurs familles, pour aller travailler en ville. Dès lors, c’est aux femmes que revient la lourde et pénible responsabilité de nourrir les enfants. « Les filles sont les premières victimes des séparations familiales. Elles finissent par être obligées d’aider leurs mères et, très souvent, arrêtent leurs études », constate Anaina Lourenço, de l’ONG World Vision International.
Les jeunes filles angolaises doivent notamment aider leurs familles à chercher de la nourriture et de l’eau potable, loin de chez elles, au risque de subir des agressions sexuelles. Selon les ONG opérant dans la région de Lubango, de nombreuses femmes ou jeunes filles sont contraintes à des relations sexuelles en échange d’argent ou de nourriture.
La sècheresse augmente la pression démographique dans les villes
Le réchauffement climatique impacte également les villes angolaises. L’exode rural né de la sècheresse, draine des quantités importantes de personnes vers les villes du pays. À Luanda la capitale, les autorités estiment que la population devrait atteindre 8 millions d’habitants d’ici à 2025. Un boom démographique que ne saurait contenir les infrastructures de la ville, en l’état actuel. Car il s’y pose déjà le défi du logement, de l’approvisionnement en eau et en électricité. « Le plus gros problème que nous ayons, ce sont les contraintes financières » a déclaré Ana Paula Chantre Luna de Carvalho, la ministre angolaise du Logement.
Face aux menaces causées par le réchauffement climatique, le centre pour le climat et la sécurité (Centre for Climate and Security), basé aux États unis, indique dans un rapport publié le 24 février 2020, que les températures mondiales augmenteraient d’environ 2,5 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels d’ici à 2100. Ainsi les réductions d’émissions que les nations ont promis dans l’accord de Paris sur le climat de 2015 « ne sont pas en mesure de contenir la menace » assure le rapport.
Boris Ngounou