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Atalante à Libreville

Atalante à Libreville

Dans la mythologie grecque, Atalante (grec ancien : Ἀταλάντη / Atalántê) est une héroïne. Elle a été éduquée par Artémis après avoir été abandonnée par son père.

Lors d’une chasse en forêt, elle perça de ses flèches les deux centaures, Hyléos et Rhoécos, qui avaient tenté d’abuser d’elle. Elle participa aussi à la chasse du sanglier de Calydon dont le récit est narré dans le voyage des Argonautes.

Cette héroïne expérimentée, en tant que chasseresse, lutteuse et coureuse pourrait-elle faire de

Libreville le carrefour d’un nouvel incubateur de l’engagement début 2023 à l’occasion du

One Forest Summit dont le Gabon est le grand pays organisateur ?

Les travaux du prochain One Forest Summit pourraient jouer un rôle de passage de témoin entre l’héroïne Atalante et l’Afrique des forêts du futur pour développer la « féminisation des filières agro-forestières » dont un rapport très développé a été produit dans le cadre du projet EUAV Forests.

Que ce soit à travers la lutte contre les criquets en Éthiopie ou du développement des Smart cities au Kenya ou en Ouganda, le continent s’adapte en permanence dans la lutte contre les défis environnementaux grâce à des technologies innovantes capables d’être transposées avec succès à d’autres pays via des jumelages créatifs, collaboratifs techniques ou partenariats innovants.

Nouvelle époque, nouveaux défis et nouvelles héroïnes : la construction d’une boîte à outils avec le support technique d’agences internationales de coopération dont certaines consacrent 40 % de leur budget au continent africain permettrait de capitaliser les bonnes pratiques existantes et ainsi transformer les savoirs en fertilisations croisées. La communauté des femmes, des coopératives féminines, des clusters féminins ont un rôle primordial de sensibilisation à cette stratégie de « spécialisation intelligente » pour valoriser les filières agroforestières et les chaînes de valeur autour des produits forestiers non ligneux.

Les produits forestiers non ligneux (PFNL) sont des produits collectés en forêt sans qu’il soit nécessaire d’abattre des arbres. Nombreuses sont les infrastructures-projets multi-acteurs où le Gabon et les pays partenaires des forêts du bassin du Congo pourrait jouer un rôle de knowledge partner : perlage, pharmacopée à faible impact, diamants alternatifs sans extraction forestière, bioéconomie mondiale, alliance solaire, low-tech, industries créatives et culturelles, transmission des savoirs…

Les aspects cosmétiques, alimentaires et médicinaux des produits forestiers non ligneux sont aujourd’hui valorisés par de nombreux acteurs au Nigéria, à travers le champ de la « New Nature Economy ». Les données sont largement inexistantes sur les flux transfrontaliers qui existent entre le Gabon, le Nigéria, le Cameroun et les autres pays qui composent l’espace des forêts du bassin du Congo. La communauté des femmes, des coopératives féminines, des clusters féminins peuvent jouer un rôle important d’une meilleure évaluation quantitative, qualitative, voire statistique, de ce potentiel.

Plusieurs voyages d’études vers les Grassfields, terre transfrontalière des savanes au contact des forêts, ont démontré la grande richesse de la féminisation des filières agroforestières pour l’Afrique centrale.

« Favoriser l’éveil des vocations et développer les talents » : la devise de la Fondation Jean-Félicien Gacha hébergée sur les hauteurs de Bangoulap et Bangangté résume pleinement la tâche à accompagner dans cette nouvelle époque avec de nouveaux défis et de nouvelles héroïnes.

À l’avenir, les Atalantes des forêts peuvent se fédérer autour trois familles d’objectifs à consolider : HEAD, HAND et HEART pour reprendre le vocabulaire des nations anglophones du Common Wealth dont le Gabon fait partie.

HEAD : Partager les savoirs

Promouvoir la culture et les savoirs traditionnels HAND : Encourager les savoir-faire

Encourager l’innovation, l’instruction et la formation

Inculquer aux jeunes l’esprit d’ouverture et de polyvalence

Et enfin, HEART : Développer les savoir-être

Œuvrer pour le vivre ensemble, en menant des actions visant au rapprochement des innovations et créations interculturelles

 

Par Kevin Lognoné,

Analyste en capacités partenariales, managériales et d’innovation

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