Le deuxième plus grand massif forestier du monde n’échappe pas aux effets du changement climatique. Le bassin du Congo, d’une superficie de 4 millions de km2, situé à l’ouest de l’Afrique équatoriale a enregistré durant ces vingt dernières années, une dégradation de sa biodiversité, causée par des perturbations climatiques. Dans une étude publiée le 5 janvier 2020, les scientifiques du Centre de recherche forestière internationale (Cifor) mettent en cause l’augmentation de la température et l’irrégularité des précipitations.
D’après les chercheurs, la température annuelle moyenne dans le bassin versant de la rivière Mpoko en République centrafricaine (RCA) a augmenté d’environ 1 degré, passant de 26 degrés Celsius à un peu plus de 27 degrés Celsius entre 1990 et 2015, ce qui représente une augmentation moyenne d’environ 3 % par décennie. En ce qui concerne les précipitations, la saison des pluies commence plus tôt que d’habitude, et davantage de pluie tombe en décembre, alors que le mois de février est désormais généralement sec. Des constats similaires ont été faits dans le bassin versant de la rivière So’o au Cameroun et dans les faubourgs de Kisangani en République démocratique du Congo (RDC).
Les récoltes de champignons comestibles ont chuté de 88,2 %
L’impact du réchauffement hydro-climatique dans le bassin du Congo se traduit par la diminution des ressources animales, notamment celles dont se nourrit l’essentiel des paysans riverains des forêts. C’est ainsi que les pêcheurs se sont plaints d’une chute spectaculaire des réserves en poissons le long de la rivière Mpoko en RCA. En 2009, la même région a enregistré des chutes respectives de récoltes de chenilles et de champignons comestibles, de l’ordre de 86,2 % et 88,2 %.
L’étude menée par les scientifiques du Cifor vise à éclairer les politiques environnementales pour des actions adaptées aux réalités du bassin du Congo.
Le document indique par ailleurs que les projections à long terme des effets du changement climatique dans la région prévoient une diminution des précipitations de 17 % d’ici à 2090. La réduction des précipitations entraînera une diminution du débit des eaux de surface et souterraines, alors que les bassins versants généreront moins d’eau pendant les périodes de faibles pluies. Outre la biodiversité, la sécurité alimentaire y sera davantage menacée par le changement.
Boris Ngounou