La fondation suisse ReBin a installé à Houegbo, au sud du Benin, une usine pilote qui fabrique du biogaz à partir des déchets récoltés auprès de la population. Et ça marche, puisque l’unité produit 200 m3 de biogaz par semaine
Houegbo est une petite ville située dans le département de l’Atlantique, au sud du Benin. Elle compte plus de 10 000 habitants qui dépendent du charbon de bois pour le chauffage et la cuisine. Cette population consomme près de 164 tonnes de bois par semaine. Une quantité importante et surtout inquiétante dans un contexte marqué par la lutte collective contre la déforestation.
C’est ainsi que, il a un an de cela, ReBin, une fondation suisse qui se consacre au développement durable, a construit dans cette petite ville une usine pilote, qui propose une source d’énergie alternative à la population : le biogaz. ReBin a intégré les populations locales à ce projet. Concrètement, elles apportent leurs déchets managers à l’usine en échange d’argent ou d’un crédit de communication. « Nos ordures sont devenues de l’or. Nous ne les jetons plus dans la brousse. Nous les vendons », explique Alphonse Ago, qui vit à Houegbo. Dix kilos de déchets rapportent environ 320 francs CFA, soit 48 centimes d’euro.
Une implantation stratégique
Le choix qu’a fait ReBin, d’acheter des déchets aux populations, garantit le premier succès de cette usine de fabrication du biogaz, implantée sur une superficie de 1,3 hectare. Aujourd’hui, une centaine de ménages dépose chaque jour leurs déchets à l’usine. Mais l’installation de l’unité dans cette petite ville est beaucoup plus stratégique. Le Benin occupe la quatrième place dans le classement des pays exportateurs d’ananas en Afrique. Houegbo est l’une des plaques tournantes du pays. Le marché de la ville produit plus d’une tonne de déchet d’ananas par jour, selon la fondation suisse. Et, avant l’installation de l’usine, ces déchets formaient un tas d’immondices au centre du marché.
La fondation a donc mis en place des tricycles qui permettent de transporter ces déchets d’ananas jusqu’à l’usine. Finalement, ReBin réussit à rassembler chaque semaine au moins 6 tonnes de déchets, qui permettent d’obtenir 200 m3 de biogaz. Cette source d’énergie est ensuite revendue à la population locale qui, selon la fondation, l’adopte « de plus en plus ». « Le biogaz permet une cuisson beaucoup plus rapide et il est moins salissant que le charbon de bois » se félicite Mark Giannelli, le fondateur de ReBin. Et d’expliquer, « nous allons pouvoir créer des emplois et assainir notre cadre de vie en réduisant l’utilisation du charbon de bois ». Son ambition est de construire des usines de biogaz dans les 77 municipalités que compte le Benin.
Jean Marie Takouleu