Au Bénin, dans le département de l’Atacora, au nord du pays, une filière de produits agroalimentaires est sur le point d’être transformée grâce à un projet de séchage solaire. L’initiative en revient à l’association française Bolivia IntiSud Soleil (BISS), en partenariat avec une ONG et une entreprise béninoises.
Dans le département de l’Atacora, au nord du Bénin, une méthode saine et efficace de sécher et de conserver les produits agroalimentaires (les légumes, la viande, le poisson, les bananes, les tomates, les haricots, les abricots, les herbes aromatiques, les fleurs, les champignons, les graines…) existe désormais. Il s’agit du séchage solaire. L’opération est réalisée à travers des séchoirs solaires hybrides. L’initiative en revient à l’association française Bolivia IntiSud Soleil (BISS), en partenariat avec une ONG et une entreprise béninoises. Elle fait partir des 10 projets d’électrification via l’off-grid, retenus le 27 avril 2020 par l’Agence française de développement (AFD) et par l’Agence française de la transition écologique (Ademe), à l’issue d’un appel à projets lancé en Afrique par les deux agences françaises en septembre 2019. Baptisé « Solutions innovantes pour l’accès à l’énergie durable hors réseau », le projet vise globalement à mettre en lumière et à soutenir des propositions innovantes, génératrices d’activités économiques pérennes et à fort impact social pour favoriser l’électrification, en répondant aux besoins en électricité, mais aussi à la production de chaleur et de froid (pour l’agriculture).
Le projet de séchage solaire en cours dans le département de l’Atacora, au Bénin, permettra à deux groupements de femmes situées dans les villes de Natitingou et de Tanguiéta de disposer de séchoirs solaires construits localement par des artisans. Ainsi, en plus de la conservation, les groupements pourront faire des économies et générer une plage de températures idéales pour jouir au maximum des qualités nutritives et gustatives des aliments. Les producteurs bénéficieront aussi de formations. Enfin, une entreprise sera désignée pour acheter la production qui aura été transformée et pour en assurer le conditionnement et la commercialisation.
La production d’électricité au Bénin est essentiellement réalisée à partir de centrales thermiques et représente à peine 20 % de la demande totale. Cette situation justifie la forte dépendance énergétique du pays vis-à-vis de l’extérieur. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, 90 % de l’électricité consommée en 2012 provient du Nigéria, du Ghana et de la Côte d’Ivoire.
La mise en œuvre complète du projet de séchage solaire dans le département de l’Atacora coûtera 3,9 milliards de francs CFA (environ 5,95 millions d’euros). Un quart du financement sera octroyé par l’AFD et l’Ademe, soit un montant de 1,04 milliard de francs CFA (plus de 2,1 millions d’euros).
Des séchoirs solaires munis d’un système de ventilation
Les séchoirs solaires fonctionneront à partir d’un chauffage direct ou d’un chauffage indirect. Dans les deux cas, aucune source d’énergie polluante ne sera utilisée. Les équipements fonctionneront uniquement grâce au soleil et pratiquement toute l’année (lorsque la température extérieure est supérieure à 15 degrés à l’ombre).
Pour pallier l’intermittence des équipements, surtout en cas de pluie ou de temps nuageux, les porteurs du projet ont orienté leurs recherches vers des séchoirs hybrides utilisant une énergie d’appoint, produite à base de produits végétaux, en les combinant avec du mazout, de l’électricité, du bois et du gaz.
Inès Magoum
