Au Bénin, l’agriculture est capitale pour l’économie. Elle contribue à plus de 32,7 % dans le Produit intérieur brut (PIB) et représente au moins 75 % des recettes d’exploitation. C’est aussi l’un des secteurs qui emploient le plus de personnes dans le pays (70 %). Pour plus de rendements, les agriculteurs ont recours aux engrais chimiques. Problème : au lieu de rendre le sol fertile, ils l’appauvrissent plutôt à chaque récolte. Pire encore, les pesticides utilisés représentent un vrai problème de santé, aussi bien pour les agriculteurs que pour les personnes qui consomment les produits issus de l’agriculture. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans les pays du sud, 1,5 million de personnes sont contaminées chaque année. En 2002, ces produits toxiques auraient occasionné le suicide de 186 000 personnes dans le monde.
Face à cette situation préoccupante, le Béninois Gildas Zodome, à travers sa start-up Bio Phyto, a mis au point des engrais et des pesticides bio appelés « Agro-bio ». Il s’agit « d’intrants sains qui n’altèrent pas la santé des agriculteurs et des consommateurs et sont respectueux de l’environnement », aime souvent à répéter Goldas Zodome.
Des produits à base de la plante « neem »
Pour fabriquer ces engrais, Bio Phyto se sert d’une plante appelée « neem » (le margousier, NDLR). Il s’agit d’une plante originaire d’Inde qui pousse facilement dans les campagnes béninoises. Pour fabriquer les pesticides par exemple, la jeune entreprise se sert des graines de « neem » qui tombent de l’arbre ; ils sont ensuite séchés. « Nous nous servons d’une machine que nous avons fabriquée pour broyer et presser les graines », explique l’entrepreneur de 33 ans. Les graines produisent de l’huile à laquelle sont mélangées les plantes aromatiques locales pour obtenir des pesticides.
Après la découverte de ces procédés, il a fallu faire des tests avec des agriculteurs ; ensuite, faire valider le produit par des instituts de recherche. Il y a deux ans en effet, Ecosert, un organisme de certification bio a validé les engrais produits par Bio Phyto. Une reconnaissance qui a suscité l’engouement des agriculteurs béninois pour ces produits naturels. Aujourd’hui, ce sont en tout 1000 femmes qui s’affairent à ramasser les graines de « neem » entre le mois de mars et juin. Elles en plantent également de plus en plus. Sur le marché, un sac d’engrais à base de « neem » de 50 kg coûte 10 000 francs CFA (plus de 15 euros) contre 20 000 francs CFA (plus de 30 euros) pour les engrais conventionnels. Actuellement, la saison de récolte des graines de « neem » tire vers sa fin, mais le rêve de Gildas Zodome est d’accroitre sa production et, pourquoi pas, de vendre ses engrais dans d’autres pays d’Afrique. Mais pour atteindre ces objectifs, il aura besoin de financement…
Jean Marie Takouleu