Selon Unicef Bénin, seulement 17 % de ménages évacuent normalement leurs déchets. La même source indique que 67 % ne disposent pas d’ouvrages adéquats pour la gestion de leurs excrétas. Si la situation s’améliore régulièrement dans les villes, elle reste compliquée en milieu rural. Cet état de choses n’est pas sans conséquence pour les personnes qui défèquent en brousse par exemple. Ils sont guettés par les maladies comme le choléra ou encore le paludisme.
C’est pour éviter ces catastrophes sanitaires que l’Organisation non gouvernementale PlanFutur a lancé son projet Ecosan Bénin en 2015. Le premier objectif ici est d’améliorer l’accès à assainissement en construisant des latrines dans les zones rurales du Benin.
Construction de latrine
Pour la concrétisation de ce projet, l’ONG PlanFutur reçoit le soutien de la fondation Ben-In-Connection. Elle donc a entrepris de construire des latrines dans des villages, particulièrement en milieu rural. C’est le cas par exemple à l’école publique de Zoungué, située près de la ville de Dangbo, dans le sud-est du Benin. Sur place, plusieurs latrines ont été mises à la disposition des élèves qui avaient pour habitudes de faire leurs besoins naturels dans les buissons.
Mais l’action de PlanFutur ne s’arrête pas là. Elle se sert des excréments ainsi récoltés au moyen des toilettes mobiles fonctionnant sans eau pour fabriquer des fertilisants pour l’agriculture.
Des fertilisants fabriqués à partir d’urine et des excrétas
Pour initier la valorisation des déchets issus des latrines, l’ONG a choisi deux collèges et un marché de la ville de Dangbo. Surplace, elle conseille aux personnes qui utilisent ces toilettes de se servir d’un gobelet de sciure de bois après chaque passage, comme c’est également le cas pour les toilettes sèches utilisées en Europe. L’objectif est d’éviter les odeurs et surtout de faciliter le séchage des excrétas. Les déchets collectés sont acheminés dans un site de compostage ou la matière fécale est à nouveau séchée pendant une période de 6 mois.
« Pour ce qui est de l’urine, on la laisse reposer dans des jerricans, elle devient au bout de trois à quatre semaines un très bon engrais azoté, notamment pour le maraîchage. Un engrais riche en urée naturelle et non chimique », explique Vital Ahissou, un responsable de l’ONG dans reportage du journal Le Monde. Les travaux de cette ONG ont d’ailleurs été primés par le Prix international de l’innovation urbaine « Le Monde » — Smart cities donc les lauréats ont été dévoilés ce mardi 10 juillet 2018. La réutilisation des excréments pour fertiliser les sols est une piste sérieuse et particulièrement intéressante qui combine une approche environnementale, un souci de santé publique et une valorisation économique. Ailleurs en Afrique, les initiatives éclosent. Dernière en date, celle initiée par le Dr Dyllon Randall en Afrique du Sud, dont nous nous étions récemment fait l’écho.
Jean Marie Takouleu