Les données sur la biodiversité africaine révèlent à la fois sa richesse et les menaces auxquels elle est exposée. Au-delà de la menace anthropique, la biodiversité africaine est aussi soumise à la pression des changements climatiques. Tour d’horizon des réalités de la biodiversité africaine en 10 chiffres.
La biodiversité africaine abrite le 2e poumon vert de la planète
La planète aurait deux poumons. La forêt amazonienne et la forêt qui couvre le bassin du Congo. Cette notion de « poumon vert » est très critiquable puisque les premiers « poumons » de la planète sont les océans. Et que la forêt amazonienne consomme désormais plus de CO2 qu’elle n’en produit… Mais son succès médiatique dit assez l’image, assez juste, d’un bien précieux à l’équilibre de la planète entière. À elle seule, la forêt tropicale du bassin du Congo concentre ainsi 10 % de la biodiversité mondiale et s’étend sur plus de 3,6 millions de kilomètres carrés répartis sur six pays. Le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale.
En Afrique se trouvent 8 des 34 foyers de biodiversité de la planète
Les zones identifiées comme des « foyers » de biodiversité sont des lieux présentant la plus grande richesse biologique au monde, et qui accueillent de nombreuses espèces endémiques ou menacées. Ainsi 8 des 34 foyers de biodiversité répertoriés à travers la planète se trouvent en Afrique, selon la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Parmi les plus menacés en Afrique, l’IPBES distingue ceux de Madagascar et des îles de l’océan Indien. Environ 1 million d’espèces y sont menacées d’extinction, et beaucoup d’autres le seront dans les décennies à venir, selon l’IPBES. À moins que des mesures ne soient prises pour réduire l’intensité des facteurs à l’origine de la perte de biodiversité.
L’Afrique abrite un cinquième de toutes les espèces connues de mammifères, d’oiseaux et de plantes
Selon les travaux de Sinatayehu workeneh Dejen, chercheur à l’université Haramaya en Éthiopie, la biodiversité africaine contient au moins un cinquième de toutes les espèces connues de mammifères, d’oiseaux et de plantes. Ces êtres vivants se développement dans des écosystèmes variés. Les déserts, les terres arides, les savanes, les forêts tropicales, et les forêts de mangroves.
L’Afrique possède 93 régions écologiques d’eau douce ou de zones humides
Le rapport sur l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire publié en 2005 distingue 93 régions écologiques d’eau douce ou de zones humides en Afrique. Il s’agit des territoires où le principal facteur d’influence de l’environnement et de ses occupants est l’eau. La conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides sont régies à travers le monde par la Convention de Ramsar, un traité intergouvernemental signé en Iran en 1971.
D’ici à 2100 50 % des espèces d’oiseaux et de mammifères d’Afrique pourraient disparaitre
Malgré son riche potentiel, la biodiversité africaine connait un déclin des plus préoccupants. La croissance démographique, les pratiques agricoles extensives, l’urbanisation rapide, le développement des infrastructures et le trafic illicite d’espèces sauvages sont là les principales causes du phénomène. Ainsi dans un rapport publié en 2016, le centre de surveillance de la conservation de la nature (WCMC), structure appartenant au Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a estimé que la dégradation de la biodiversité entraînera la perte de 50 % des espèces d’oiseaux et de mammifères d’Afrique d’ici la fin du siècle en cours.
L’Afrique pourrait perdre 20 à 30 % de la productivité des lacs d’ici à 2100
La dégradation de la biodiversité africaine se traduit aussi par la disparition de la faune aquatique. L’exploitation minière, l’agriculture industrielle, et l’urbanisation anarchique constituent les principaux facteurs de pollution des eaux, et donc de dégradation des écosystèmes de la faune aquatique.
lire aussi:
Sur le continent, un éléphant meurt toutes les 25 minutes
Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), la population des éléphants d’Afrique disparaitra d’ici à 2040 à cause d’un braconnage devenu sauvage : un éléphant meurt sur le continent toutes les 25 minutes, tué pour ses défenses en ivoire. En novembre 2019 le WWF a lancé une collecte de dons, destinés à sauver ces animaux de l’extinction.
Entre 1946 et 2010 70 % des zones protégées d’Afrique ont été touchées par la guerre
Les conflits armés fréquents dans de nombreuses réserves naturelles d’Afrique ont contribué au déclin de certains animaux emblématiques du continent. Joshua Daskin et Robert Pringle, chercheur à l’Université de Princeton dans l’État du New Jersey, aux États-Unis ont analysé les données collectées entre 1946 et 2010 sur plus de 250 populations de grands mammifères herbivores en Afrique. Le rapport publié en janvier 2018 indique que 70 % des zones protégées d’Afrique ont été affectées par la guerre. Dans des pays tels que la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, l’Angola et sur l’ensemble de la région des Grands Lacs, les éléphants, les hippopotames, les girafes et autres grands mammifères n’ont pas été épargnés par la violence des combats et les populations affamées ont abattu les animaux pour leur viande et pour vendre des marchandises commercialisables comme l’ivoire.
Lire aussi: L’Afrique au défi de la préservation de sa biodiversité
Le changement climatique devrait être l’un des facteurs majeurs de la perte de biodiversité africaine au cours des 50 à 100 prochaines années
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le changement climatique exacerbera les effets des menaces antérieures sur la biodiversité. Considérée comme le continent le plus affecté par les effets du changement climatique, l’Afrique verra sa population d’amphibiens chuter de manière drastique en raison de la réduction du volume d’eau, suite à des conditions de sècheresse persistante. Le Giec indique que 40 % d’espèces d’amphibiens et 33 % de récifs coralliens sont en danger de disparition.
Désormais 14 pays africains sont membre de la coalition pour la biodiversité
La coalition intergouvernementale pour la biodiversité a été lancée en janvier 2021 lors du « One Planet Summit 2021 ». Sa mission est de s’exprimer en faveur de l’adoption de l’objectif 30 %, lors du prochain sommet de la Convention sur la diversité biologique (COP15), qui se tiendra en Chine en septembre 2021. Les pays africains membres de cette coalition sont aujourd’hui au nombre 14 : le Gabon, le Mozambique, l’Angola, l’Éthiopie, le Botswana, le Nigéria, le Kenya, le Rwanda, la République démocratique du Congo (RDC), le Sénégal, le Congo, l’Ouganda, la Côte d’Ivoire et le Bénin. L’objectif de 30 % provient d’une campagne des Nations unies qui vise à fédérer les dirigeants mondiaux autours de l’objectif de transformation de 30 % de la Terre en aires protégées d’ici à 2030. Un objectif pourtant combattu par Survival International. L’ONG a lancé une pétition contre cette campagne qui selon elle, risque de nuire à la vie de 300 millions de personnes, dont les autochtones d’Afrique, les véritables gardiens des forêts.
Boris Ngounou
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.