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Botch Mbola : « des mécaniciens formels pour une maintenance automobile durable »

Botch Mbola : « des mécaniciens formels pour une maintenance automobile durable »©Botch Mbola

Pour la troisième journée de notre Semaine spéciale Mobilité et Transports, la Rédaction d’AFRIK 21 a rencontré Botch Mbola le fondateur et directeur général de REP-R International. Il dévoile dans cette interview son parcours, les principaux défis et la vision écoresponsable de sa start-up parisienne qui entend formaliser le métier de mécanicien automobile en Afrique.

Benoit-Ivan Wansi : De quel pays êtes-vous originaire et pouvez-vous nous décrire votre parcours académique et professionnel ?

Botch Mbola : Je suis originaire de la République démocratique du Congo (RDC) anciennement Zaïre. J’ai un parcours orienté sur la finance et le secteur bancaire. J’ai fait mes études  à Paris en France notamment tout le cycle Licence. Ensuite, j’ai obtenu un Master et un autre diplôme complémentaire à Genève en Suisse.

 En septembre 2022 vous avez créé la start-up REP-R International. Quelle est sa mission et son modèle économique ?

Nous avons créé la start-up en 2022 certes, mais suite à une longue phase de maturation. La genèse part de mon expérience chez Nexus Automotive Group où j’ai débuté ma carrière. J’ai pu compter sur l’extraordinaire appui du groupe qui m’a soutenu et a mis à ma disposition les moyens nécessaires pour développer cette idée et la mettre en adéquation avec les besoins de l’industrie. Alors, on a lancé le projet avec pour principale objectif d’éloigner le mécanicien de l’informel pour le rapprocher du formel mais tout en ayant un modèle économique en accord avec tout ce qui se fait aujourd’hui au niveau de la Technologie et de l’ « Ubérisation ». Par exemple en proposant notamment un container dans un centre tout équipé qui contiendra tous les équipements nécessaires qui vont permettre à ses mécaniciens de faire des réparations avec des outils adaptés. Et avec un expert en automobile mis à disposition pour les conseils.

Vous êtes à la quête de financements.  De combien avez-vous besoin et dans quel but précis ?  Quels sont les partenaires qui vous accompagnent jusqu’ici ?

Aujourd’hui nous souhaitons mobiliser 650 000 euros afin de mettre en place le centre en lui-même (sa construction), du besoin en fonds de roulement, de tous les équipements et machines ainsi que pour les frais généraux liés au fonctionnement. À ce stade, nous avons plusieurs partenaires qui nous accompagnent à commencer par Nexus qui nous a incubés dès le départ tant sur le volet financier que par le carnet d’adresses dans le secteur. Ils ne contribuent pas de la même manière mais chaque partenaire est essentiel pour la viabilité de notre projet.

REP-R se veut le « Uber » du garage en Afrique. Quels services proposez-vous à cet effet pour sortir le mécanicien africain de l’informel ?

Ce que nous voulons avant tout c’est de valoriser ces mécaniciens qui vivent au jour le jour grâce à de petites réparations de gauche à droite. Lorsqu’on de formalisation du métier la plupart d’entre eux n’y voient que des  taxes, une dépréciation de leurs chiffres d’affaires. Alors, nous faisons un travail au préalable pour leur expliquer la nécessité de sortir de l’informel car cela confère plutôt un accroissement d’opportunités, une stabilité. Concrètement, on va permettre à ces gens d’avoir des outils essentiels, plus de clients et une confiance qui va favoriser des prestations à des tarifs bien plus élevés que ce qu’ils proposent actuellement. Et d’après notre étude de marché, cela reste très attractif, que ce soit pour le client comme pour le mécanicien. Outre la sensibilisation, nous mettrons aussi en place un pôle administratif qui épaulera toutes les démarches en rapport à leur formalisation et à leur épanouissement.

Vous accordez une place de choix aux solutions numériques et au recyclage des déchets de l’automobile. Vos équipes sont-elles outillées sur ces aspects ?

Nous avons au sein de notre équipe (notamment Corentin Banzet) des compétences en matière de solutions numériques et qui ont fait leur preuve notamment en Côte d’Ivoire. Et à ce propos, nous sommes en train de développer une application couplée à la géolocalisation qui reliera les automobilistes aux mécaniciens en fonction de leur panne ou de leurs situations géographiques. En tout cas nous allons adapter au mieux nos solutions numériques au besoin local. Nous avons également des partenaires pour le recyclage qui sont présents aussi bien en Afrique qu’à l’étranger. En effet, ce ne sera pas assez évident côté logistique mais c’est nécessaire puisque certains déchets ne peuvent être recyclés sur le continent et devront donc être exportés.

 « Les impacts environnementaux constituent un facteur clé dans nos critères de décision et de fonctionnement », indiquez-vous sur vos supports de communication. À ce propos, d’aucuns martèlent que seule l’électrification peut répondre à la neutralité carbone du secteur. L’expansion de la mobilité électrique devrait-elle perturber d’une quelconque manière votre activité ou plutôt renforcer vos pratiques écoresponsables ?

Il est clair que l’électrification à elle seule ne saurait répondre à la neutralité carbone du secteur. Néanmoins, nous voulons à notre niveau être avant-gardistes en proposant des formations dans notre centre sur ces questions. Nous allons également mettre en place tous les outils et toutes les solutions nécessaires au recyclage automobile. Il y a une grosse problématique sur cet aspect y compris hors d’Afrique de l’Ouest où la majorité des pièces détachées ne sont pas recyclées. On a également constaté que certaines huiles sont incinérées. Après, il est aussi important pour nous adapter à l’arrivée massive des véhicules électriques qui nécessitent une maintenance automobile spécifique. Nous sommes attentifs au projet de transformation digitale du Plateau (commune d’Abidjan) qui devrait révolutionner certaines choses. Tout cela nous conforte dans nos pratiques écoresponsables.

Justement, à propos de la Côte d’Ivoire qui est votre principal pays d’intervention. Serez-vous présent comme d’autres start-up de mobilité à  l’« Africa Automotive Show » d’Abidjan qui se tiendra en novembre 2023 à l’occasion de la 3e Foire commerciale intra-africaine (IATF) organisée par l’Union africaine (UA) ?

Nous avons été informés de cet évènement qui se tiendra en Côte d’Ivoire et nous n’hésiterons pas à communiquer en temps opportun sur notre éventuelle participation.

Quelle est votre ambition sur les dix prochaines années ?

Au niveau de REP-R International, nous souhaitons au cours des cinq années à venir conquérir l’Afrique francophone bien sûr avec la Côte d’Ivoire d’abord, le Sénégal, le Cameroun, la RDC. Ensuite, on enchainera avec le Ghana, l’Égypte, le Maroc, l’Afrique du Sud avec pour objectif d’y installer au moins trois centres dans chaque pays. Et bien sûr, l’Afrique de l’Est qui est un grand acteur du marché automobile sur le continent.

Propos recueillis par Benoit-Ivan Wansi

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