L’opinion nationale et internationale demeure divisée sur les causes réelles de la mort massive et subite de 356 éléphants survenue entre mai et juin 2020 dans le delta de l’Okavango, au nord du Botswana. Le gouvernement pointe du doigt une colonie de cyanobactérie présente dans les flaques d’eau de pluie de la région, alors que des défenseurs de la faune évoquent un empoisonnement d’origine humaine.
Les morts en cascade de 356 éléphants entre mai et juin 2020 dans le delta de l’Okavango au nord du Botswana ont cessé. Mais trois mois plus tard, les causes réelles de ce désastre demeurent un mystère, même après les explications données le 21 septembre 2020 par le gouvernement. « Plus de 70 % des éléphants morts au Botswana depuis le mois de mai se trouvaient près de points d’eau pollués par de grandes quantités de cyanobactéries. Et nos derniers tests ont identifié des neurotoxines cyanobactériennes comme étant la cause des décès » explique Cyril Taolo, directeur adjoint du Département de la faune et des parcs nationaux du Botswana.
Ces conclusions du gouvernement ont été rejetées en bloc par de nombreux défenseurs de l’environnement. Pour eux il ne s’agit pas d’une maladie, car de nombreux pachydermes étaient couchés sur le torse, comme s’ils étaient tombés vers l’avant, et morts brusquement. La thèse d’un empoisonnement d’origine humaine est mise en avant. « On a également vu que certains de ces éléphants ne marchaient pas correctement, ils tournaient en rond, et semblaient avoir du mal à utiliser leurs membres arrière. Pour moi, tout cela ressemble fortement à un poison qui toucherait leur système nerveux et leur cerveau » affirme Pieter Kat, directeur de LionAid, une organisation de conservation de la faune qui a beaucoup travaillé au Botswana et y a fait des recherches sur les maladies de la faune.
La responsabilité des braconniers a été écartée des enquêtes
Les autorités du delta de l’Okavango ont exclu le braconnage, car les carcasses d’éléphants retrouvés avaient conservé leurs défenses. Un élément qui a renforcé l’avis du docteur Pieter Kat qui a été rejoint par d’autres conservateurs, notamment les responsables d’Éléphants sans frontières (en anglais Elephants Without Borders, EWB), une ONG locale de protection des éléphants. Les soupçons de ces derniers vis-à-vis des populations locales sont également renforcés par l’existence des conflits entre les pachydermes et les riverains des parcs au Botswana. Ces derniers accusent très souvent les éléphants de détruire leurs cultures, et plaident pour un contrôle de leurs effectifs, estimés à 130 000 individus, soit le tiers de la population africaine d’éléphants.
Ainsi le débat sur les causes réelles des décès massifs d’éléphants dans le delta de l’Okavango ne prendra fin peut-être qu’après la publication de nouveaux résultats d’analyses. Selon la direction des parcs nationaux, des échantillons ont été envoyés dans des laboratoires en Afrique du Sud, au Zimbabwe et au Canada pour des analyses supplémentaires.
Boris Ngounou