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BOTSWANA : l’enquête sur la mort mystérieuse de plus de 350 éléphants piétine

BOTSWANA : l’enquête sur la mort mystérieuse de plus de 350 éléphants piétine ©senee sriyota / Shutterstock

La biodiversité du Botswana se porte mal. Depuis plusieurs mois, le pays fait face à une disparition accrue d’éléphants. En deux mois seulement, plus de 350 éléphants sont morts dans le delta de l’Okavango, le second plus grand delta intérieur du monde (18 000 km2) après le delta du Niger (40 000 km2), situé au nord du Botswana. Parmi eux, près de 200 éléphants sont mort en juin 2020, 70 % des décès étant concentrés autour des points d’eau. Le delta de l’Okavango concentre environ 15 000 éléphants, soit 10 % de la population d’éléphants du pays.

Selon Niall McCann, le directeur de la conservation de l’organisation caritative britannique National Park Rescue, il s’agit d’une mort massive à un niveau qui n’avait pas été vu depuis très longtemps. « Si vous regardez les carcasses, certaines d’entre elles sont tombées directement sur le visage, ce qui indique qu’elles sont mortes très rapidement. D’autres meurent manifestement plus lentement, comme ceux qui errent. Il est donc très difficile de dire quelle est cette toxine ».

Le mystère autours de la mort des éléphants

Pour l’heure, la nature de la mort des plus de 350 éléphants du delta de l’Okavango reste inconnue. Une situation qui préoccupe les scientifiques nationaux et internationaux. « Alors que nous assistons à une mortalité massive d’éléphants près des habitations humaines, à un moment où les maladies de la faune sauvage sont au premier plan des préoccupations de tous, il semble extraordinaire que le gouvernement botswanais n’ait pas envoyé les échantillons à un laboratoire réputé », affirme Niall McCann.

« Il y a une réelle inquiétude concernant le retard dans l’envoi des échantillons à un laboratoire accrédité pour qu’ils soient testés afin d’identifier le problème et ainsi prendre des mesures pour l’atténuer », renchérit Mary Rice, la directrice exécutive de l’Agence d’investigation environnementale à Londres.

Une situation inquiétante !

Face à ces inquiétudes, les autorités du Botswana tentent de rassurer. « Nous avons envoyé des échantillons pour des tests et nous attendons les résultats dans les deux semaines à venir », déclare Cyril Taolo, directeur par intérim du département de la Faune et des Parcs nationaux du Botswana. « Les restrictions imposées par la Covid-19 n’ont pas facilité le transport des échantillons dans la région et dans le monde entier. Nous sommes en train d’envoyer les échantillons à des laboratoires, maintenant que les restrictions ont été allégées », ajoute-t-il.

En attendant les résultats officiels des tests, les scientifiques continuent d’épiloguer sur les causes de cette disparition mystérieuse d’éléphants au nord Botswana. Les principales pistes sont l’empoisonnement et les agents pathogènes. L’anthrax, une infection potentiellement mortelle due à Bacillus anthracis aurait été écarté.

Cette nouvelle vague de décès d’éléphants intervient alors que le pays ne s’est pas encore complètement relevé de la mort de plus 100 pachydermes à la fin de l’année 2019, dans le parc national de Chobe, toujours au nord du Botswana. Cet autre drame a été causée par la sècheresse.

Si ces massacres persistent, le Botswana verra bientôt son produit intérieur brut (PIB) baisser considérablement. Dans ce pays d’Afrique australe qui possède la plus grande population d’éléphants en Afrique (150 000 individus), l’écotourisme contribuerait entre 10 % et 12 % du PIB.

Inès Magoum

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