Le braconnage frappe de plus en plus fortement les rhinocéros du Botswana. Les autorités estiment que l’espèce pourrait disparaît du pays d’ici un an si le braconnage n’est pas stoppé.
« Si le braconnage se poursuit à ce rythme, il n’y aura plus de rhinocéros au Botswana d’ici un ou deux ans. La menace pèse en particulier sur le rhinocéros noir, une espèce en danger critique d’extinction. » Cette phrase-choc a été prononcée en décembre 2019 par le Dr Mmadi Reuben, coordinateur du département de la faune et des parcs nationaux en charge des rhinocéros au Botswana.
Cette mise en garde visait à tirer la sonnette d’alarme concernant le braconnage de ces pachydermes au Bostwana. La situation est telle, que le gouvernement (par ailleurs très critiqué par les écologistes à cause de la levée de l’interdiction de la chasse des éléphants) a décidé de communiquer avec fracas sur la situation des rhinocéros dans ce pays d’Afrique australe. « Entre avril et octobre 2019, neuf rhinocéros ont été tués. Les incidents malheureux ont augmenté avec 13 autres rhinocéros, qui ont été braconnés d’octobre à ce jour », a indiqué en décembre 2019 le ministère botswanais l’Environnement, de la Conservation des Ressources naturelles et du Tourisme.
Les pachydermes ciblés dans le delta de l’Okavango
Les massacres de rhinocéros se déroulent principalement dans le delta de l’Okavango où se concentre la plus grande population de rhinocéros du Botswana. Il s’agit d’une zone humide où la végétation reste luxuriante toute l’année. À cause des difficultés d’accès à cet espace naturel, le delta de l’Okavango présente aussi un défi de taille pour les rangers en charge de la protection des animaux. Les braconniers ont bien compris la situation et se sont ainsi lancé dans le massacre systématique des rhinocéros.
Une fois abattus, les braconniers récupèrent les cornes de ces pachydermes, scellant progressivement l’avenir de l’espèce. Ces cornes sont ensuite vendues en Asie, où le kilo est évalué à près de 65 000 dollars. Les cornes serviraient à « prévenir et guérir certaines maladies ». Conscient de la situation et face à la montée du phénomène de braconnage dans les pays voisins et notamment en Afrique du Sud, le gouvernement botswanais a décidé de garder secret le nombre de rhinocéros dans ses réserves. Pour éviter le déclin de l’espèce à l’état sauvage, l’Afrique du Sud a décidé il y a quelque année de transférer des rhinocéros au Botswana, dans le cadre d’un programme de conservation.
Le pays était convaincu par la politique stricte de lutte contre le braconnage du Botswana. Une stratégie qui a permis l’explosion de la population des éléphants. Mais elle est remise en cause aujourd’hui par les coupeurs de cornes de rhinocéros bien dissimulés dans le delta de l’Okavango.
Jean Marie Takouleu