Le Botswana exprime à nouveau son intérêt pour l’ambitieux projet d’approvisionnement en eau potable depuis la Namibie. Dépourvu de frontière maritime, le Botswana veut tirer profit d’un projet d’usine de dessalement d’eau de mer à Walvis Bay en Namibie. « Nous sommes satisfaits des perspectives présentées par ce projet, car nous avons besoin d’eau. Cependant, nos ministres et technocrates doivent déterminer ce qui est le mieux pour nous en gardant à l’esprit nos procédures de gouvernance » a déclaré le 26 févier dernier sur twitter, Mokgweetsi Masisi, le président de la République du Botswana. Le chef d’État botswanais a échangé à propos de ce projet d’approvisionnement en eau avec son homologue namibien lors d’un tête-à-tête tenu le 25 février 2021.
Exploré depuis des années par le gouvernement namibien, le projet de dessalement de l’eau de mer de Walvis Bay est devenu la priorité des pouvoirs publics dans le secteur de l’eau. Le projet consiste à pomper l’eau de l’océan atlantique et à la traiter via une grande usine de dessalement construite dans la ville portuaire de Walvis Bay, située à l’ouest de Namibie. L’eau sera ensuite destinée à l’approvisionnement de la capitale Windhoek en Namibie et de Gaborone, la capitale du Botswana, deux villes distantes d’environ 1490 kilomètres. Le financement de la future installation devrait être assuré par la Namibie et le Botswana. Les deux gouvernements en avaient déjà parlé lors de la visite de l’ancien président botswanais Seretse Kama Ian Kama à Windhoek en 2018.
Avec 68 % du territoire couvert par le désert du Kalahari, le Botswana est frappé par des sècheresses sévères, qui ne font qu’aggraver le problème récurrent d’approvisionnement en eau dans le pays. À ce jour, 95 % de ses ressources en eau de surface sont concentrées au nord-ouest du pays près du delta de l’Okavango. Quant aux nappes phréatiques, elles fournissent les 2/3 de la consommation totale d’eau. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), le taux de personne disposant d’un accès sécurisé à l’eau potable n’est passé que de 17,9 % à 23,7 % en Afrique subsaharienne depuis 2000. Et le stress hydrique devrait encore s’aggraver. À en croire l’ONU, d’ici 2030, 75 à 250 millions de personnes en Afrique vivront dans des zones où le stress hydrique sera important. L’organisation internationale indique par ailleurs que ce phénomène entrainera probablement le déplacement de 24 à 700 millions de personnes, car les conditions de vie seront de plus en plus difficiles.
Boris Ngounou