La sécheresse fait des ravages en Afrique de l’Est et australe. Les populations, tout comme la faune et la flore sont touchées par ce phénomène qui s’accentue avec le changement climatique. Le bilan est déplorable au Botswana où plus de 100 éléphants ont été retrouvés morts en deux mois seulement dans le parc national de Chobe, au nord du pays.
Il s’agit d’un vaste espace naturel de 11 700 km2, situé près de la frontière avec la Namibie. En saison pluvieuse, il se transforme en un véritable marécage avec une végétation luxuriante qui permet l’alimentation des antilopes, des gnous, des zèbres, des buffles et surtout plus de 50 000 éléphants. Ce parc est surtout traversé par la rivière Chobe qui garantit une source d’eau permanente pour les animaux.
Une maladie causée par la sécheresse
Mais depuis plusieurs années, le parc devient particulièrement aride pendant la saison sèche. Selon le ministère botswanais de l’Environnement, les éléphants du parc sont morts de faim, mais surtout de maladie. « À cause de la sécheresse actuelle, les éléphants ingèrent de la terre lorsqu’ils broutent et sont ainsi exposés à la bactérie de l’anthrax », indique le ministère de l’Environnement.
Cette pathologie est plus connue sous le nom de maladie du charbon. Elle est causée par une bactérie sporulante qui provoque une forte fièvre, des frissons, des ulcères et des gonflements (abcès). La maladie se propage par l’eau et par l’intermédiaire de sols contaminés. Avec la sécheresse, les feuilles se font rares et les pachydermes se rabattent sur les racines d’arbres qui peuvent porter les germes de la maladie du charbon. Ce problème s’ajoute au sort par ailleurs incertain des éléphants au Botswana.
Le triste sort des éléphants au Botswana
Un peu partout en Afrique de l’Est et australe, la faune et la flore sont touchées par la sécheresse. Parmi les pays les plus touchés, il y a le Zimbabwe où 55 éléphants sont morts de faim et de soif dans le parc national de Hwange au nord du pays. En Namibie voisine, les autorités ont construit des forages pour alimenter les mares aux hippopotames dans la région de Zambèze, au nord-est du pays. Les autorités tanzaniennes ont eu recours à cette même solution pour les hippopotames du parc national de Katavi, située au sud-ouest du pays.
Au Botwana, la sécheresse s’ajoute au sort déjà tragique des éléphants. Dans ce pays d’Afrique australe qui possède la plus grande population d’éléphants en Afrique (150 000 individus), la levée de l’interdiction de chasse des éléphants était au cœur de la campagne électorale pour le scrutin présidentiel du mercredi 23 octobre 2019.
Mokgweetsi Masisi, candidat à sa propre succession à la tête de ce pays d’Afrique australe, a promis de lever l’interdiction de la chasse aux éléphants. Une promesse saluée dans les zones rurales où les pachydermes, poussés par la dégradation de leur écosystème, sortent des réserves pour détruire les plantations. Son challenger à ce scrutin, l’ancien président Ian Khama était opposé à la réouverture de la chasse aux éléphants, invoquant l’importance de ces animaux pour le tourisme qui représente une manne importante pour l’économie du Botswana. C’est d’ailleurs Ian Khama qui avait interdit la chasse aux éléphants en 2014. Mokgweetsi Masisi a finalement remporté les élections. Une nouvelle qui inquiétera probablement défenseurs de la biodiversité. Sans attendre, l’avenir s’avère bien sombre pour les éléphants du Botswana.
Jean Marie Takouleu