Quand Yacouba Sawadogo a commencé à planter des arbres sur ses parcelles de la région du Sahel, il y a plus de 40 ans de cela, il n’aurait jamais imaginé être récompensé pour cet acte simple. En tous les cas, c’est le sentiment qu’il donnait, ce 24 septembre 2018 à Stockholm (Suède), en recevant le Right Livelihood Award 2018, plus connu sous le nom prix Nobel alternatif.
Yacouba Sawadogo est aujourd’hui âgé de 80 ans. Mais dès son très jeune âge, il s’engage dans l’agriculture et prend alors conscience de la rareté des pluies dans sa région et de l’avancée du désert. L’agriculteur applique alors une technique qui va changer le visage de ses plantations. Il s’agit d’une méthode traditionnelle du nord du Burkina Faso appelé « zaï ».
Cette pratique consiste à préparer des trous pendant la longue saison sèche dans le sahel, qui dure entre sept et huit mois. Il remplit ces cavités de fientes et d’autres débris organiques. Cette matière attire les termites qui s’en nourrissent et vont creuser des galeries dans le sol aride. Pendant la saison pluvieuse, les galeries retiennent de l’eau, qui va permettre à la graine des arbres, plantés par Yacouba Sawadogo, de germer et va faciliter la croissance des jeunes pousses.
Une pratique favorable à l’agriculture
Aujourd’hui, une forêt de plus de 30 hectares enorgueillit son village natal de Gourga. « Nous ne devons pas être les ennemis de la nature. Personne ne s’occupe de nos forêts. La population a augmenté et les forêts souffrent. Certaines personnes font de nos forêts ce qu’elles veulent. Elles les détruisent. Si vous coupez 10 arbres par jour et que vous n’en plantez pas d’autres dans l’année, nous irons vers la destruction », explique Yacouba Sawadogo dans un reportage de la chaîne allemande Deutsche Welle.
Autour de ses parcelles, il cultive du maïs, le sorgho ou encore du mil. « La nourriture est indispensable à l’humanité. S’il y a assez à manger et si l’approvisionnement alimentaire est assuré, alors nous nous développerons. Mais si nous n’avons pas assez à manger, nous ne pourrons pas nous développer. Nous devons donc, avant tout, assurer la sécurité alimentaire » précise-t-il ? Son travail a reçu une autre récompense, le « Land for life », décerné par l’ONU en 2013. Le prix Nobel alternatif qu’il vient de remporter à Stockholm est doté d’une somme de 290 000 euros, soit plus de 190 millions de francs CFA.
Jean Marie Takouleu