Le gouvernement burkinabé ne cache pas son intérêt pour les feux tricolores solaires inventés par Yssif Bara. Cet engouement s’est traduit le 22 août 2019 par une visite que l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (Aneree) a effectuée au domicile de l’enseignant d’électronique à Bobo-Dioulasso. « Nous sommes là pour vous transmettre les félicitations de la hiérarchie et aussi vous proposer un partenariat avec l’Aneree », a déclaré Souleymane Gansaoré, responsable des relations publiques de l’Anerre.
L’Aneree propose de tester la technologie et de l’implémenter dans les villes du Burkina Faso. Cette marque de reconnaissance exprimée par l’État a été saluée par Yssif Bara. Le jeune chercheur de 30 ans y voit le moyen de réaliser son rêve, celui « d’équiper tous les carrefours du Burkina Faso en feux tricolores solaires ».
Une innovation écologique et économe
L’inventeur des feux tricolores solaires avoue avoir été motivé par des raisons tant écologiques qu’économiques. Bien qu’insuffisants, les feux de signalisation disponibles au Burkina Faso sont importés, et à des coûts exorbitants, de l’avis de Yssif Bara. « Le feu tricolore le moins cher au Burkina fait environ 20 millions de francs CFA (environs 40 000 dollars, NDLR) ». Connectés au réseau électrique, les feux s’arrêtent en cas de délestage. Leur maintenance coûte cher à l’État, qui doit importer l’expertise étrangère lorsque ces feux tombent en panne.
Ces aléas, Bara entend les surmonter grâce à son invention. « Le coût de mes feux tricolores reviendra quasiment deux à trois fois moins cher que les feux importés. Et aussi du fait que cela a été fait ici, en cas de panne, la maintenance sera locale et ça sera vite fait », a déclaré le jeune inventeur dans un reportage de la VOA.
Par ailleurs, la source d’énergie utilisée par cette innovation est écologique, inépuisable et ne dépend pas des coupures de courant.
Le Burkina Faso, qui dispose pourtant d’un bon taux d’ensoleillement évalué à 5,5 kWh/m2.Jr, est malgré cet avantage, dépendant de la Côte d’Ivoire qui lui fournit 30 à 40 % de son électricité. L’invention des feux tricolores solaires va donc s’inscrire dans la dynamique des mesures qui visent à établir l’autonomie énergétique de ce pays d’Afrique de l’Ouest. D’ailleurs, lors de la conférence de Paris sur le climat en 2015, le Burkina Faso s’était engagé à ce que 30 % de la consommation électrique nationale soit issue de l’énergie solaire à l’horizon 2025-2030.
Boris Ngounou