Le financement accordé par la Banque africaine de développement (BAD) est destiné à accélérer l’accès à l’électricité au Burkina Faso à travers deux projets portés par le gouvernement. Il s’agit du Projet d’électrification et de développement des connexions à l’électricité (Pedecel) qui sera mis en œuvre entre octobre 2021 et décembre 2025. Le projet « Yeleen » bénéficie de ce nouveau financement de la banque panafricaine. Le projet a déjà reçu un financement de 48,82 millions d’euros de la BAD en décembre 2019.
Le financement débloqué à Abidjan lors du Conseil d’administration du groupe le 15 septembre 2021 est composé d’un prêt concessionnel de 41,60 millions d’euros, ainsi qu’un financement supplémentaire de 17,83 millions d’euros. Le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (Sefa), un fonds spécial multi-donateurs géré par la BAD soutient également les deux projets d’électrification avec une contribution de 130 000 euros.
L’extension du réseau électrique national
Dans le cadre du Predecel, le gouvernement burkinabé prévoit la connexion de nouveaux ménages périurbains et ruraux au réseau électrique national dans 10 des 13 régions administratives que compte ce pays d’Afrique de l’Est. Compte tenu du pouvoir d’achat assez faible des ménages ruraux, la Société nationale d’électricité (Sonabel) mettra en place un système de paiement différencié et progressif des frais d’abonnement.
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Concrètement, les nouveaux clients de la compagnie publique payeront au départ, seulement 3 000 francs CFA (4,55 euros) contre 90 000 à 218 000 francs CFA actuellement (137,20 euros à 332,33 euros) et les frais de raccordement restants seront payés par tranches mensuelles étalées sur trois ans. Ce modèle est semblable au pay-as-you appliqué dans la distribution des systèmes solaires domestiques dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne.
Selon la BAD Pedecel contribuera notamment à améliorer l’accès à l’électricité des populations des chefs-lieux de régions et celles des quartiers périphériques de la capitale Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou, les trois plus grandes villes du pays, « marquées depuis une décennie, par un important développement spatial et démographique ». Au moins, 218 400 ménages seront ainsi raccordés au réseau électrique national grâce à ce projet, soit environ 1 528 800 habitants, dont 790 390 femmes, représentant un taux de 51,7 %.
L’électrification via l’énergie solaire
« Pedecel permettra aussi l’éclairage public via l’énergie solaire et renforcera la gouvernance dans le secteur à travers la formation des principaux acteurs », explique la BAD. Le projet nécessitera en tout un investissement de 136,83 millions d’euros. Outre la BAD, le projet est financé par la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (Badea), ainsi l’initiative Power Africa du gouvernement des États-Unis d’Amérique.
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L’autre partie du financement accordé récemment par la BAD soutiendra la mise en œuvre de « Yeleen ». Ce projet vise à doter le pays de quatre centrales solaires. Selon le plan établi, les centrales connectées au réseau de la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (Sonabel) seront construites à proximité de Ouagadougou (42 MWc), à Dori (6 MWc), Diapaga (2 MWc) et à Gaoua (1 MWc).
Le projet Yeleen permettra aussi de densifier et d’étendre le réseau de distribution pour améliorer l’accès des populations à l’électricité. Le gouvernement burkinabé prévoit également d’investir dans la production électrique décentralisée à partir d’énergie solaire sous la forme de mini-grids et de solutions individuelles, notamment des systèmes solaires domestiques. Ces initiatives devraient permettre d’augmenter le taux d’accès à l’électricité au Burkina Faso. Ouagadougou table sur un taux de 60 % d’ici à 2027. Pour le moment, de chiffres officiels, le « Pays des hommes intègres » affiche un taux d’accès à l’électricité de 22,5 %.
Jean Marie Takouleu