Après quatre premières éditions, qui se sont tenues à Bruxelles, le Rebranding Africa Forum (RAF) a choisi cette année de poser ses valises à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Pendant deux jours, 500 participants ont eu de nombreux échanges pour mettre en place des partenariats gagnant-gagnant et par ricochet de participer au processus de développement de l’Afrique. Ils ont abordé lors des différents panels les thématiques liées à l’état des lieux, aux enjeux et aux défis de l’économie verte en Afrique. Les participants se sont également penchés sur l’épineux problème de financement de la transition écologique en Afrique avant de mieux comprendre les opportunités d’investissement qu’offre l’économie verte sur le continent africain. Selon Thierry Hot, fondateur de ce forum, il est question de « convertir les décideurs du secteur public et du secteur privé aux vertus de cette nouvelle économie, soucieuse de durabilité, privilégiant parfois la circularité et en toutes circonstances, centrée sur l’humain. »
Au sujet du financement écologique, Rosine Sori Coulibaly, ministre burkinabé de l’Économie et des Finances souligne que son pays a connu une baisse de 11 % de la production céréalière en 2017. La principale cause de cette chute fut la rareté des pluies, a-t-elle fait remarquer. Un chiffre qui interpelle, car selon elle, si rien n’est fait, la contribution de l’Afrique au PIB mondial connaitra une baisse entre 5 et 20 %. D’où la nécessité et l’urgence pour les dirigeants africains de prendre conscience et de définir des politiques publiques plus écologiques. « Nous n’avons pas la règlementation et les textes qu’il faut pour encourager les populations à avoir les comportements qui préservent la nature. Le système que nous avons au niveau fiscal devait nous permettre de le faire, mais nous n’en faisons pas le meilleur usage », a-t-elle ajouté.
L’exemple du Maroc
Selon le Programme des Nations unies pour l’Environnement (Pnue), l’économie verte est « une économie qui produit un mieux-être humain et assure l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques sur l’environnement et les pénuries écologiques. » Ces dernières années, certains États africains réorientent très progressivement leurs politiques de développement vers l’économie verte. Même si l’Afrique ne contribue qu’à hauteur de 4 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Toutefois, ils restent toujours confrontés au problème de financement. D’ailleurs, cette question a constitué leur cheval de bataille lors de la COP 22 qui s’est tenue au Maroc en 2016. Le Maroc, qui a pris entre-temps le leadership sur ces enjeux et à qui a été décerné en septembre 2018 un prix pour son implication dans la lutte contre les changements climatiques. Mais les défis à relever sont encore légion…
Luchelle Feukeng