L’étude sur « la volonté et la capacité financière des populations en milieu rural et en milieu péri-urbain à s’offrir les services et les produits de qualité en matière d’énergies renouvelables » a été rendu public le 19 juin 2020 à Koudougou, au centre du Burkina Faso. C’était lors d’un atelier de validation organisé par l’Organisation néerlandaise de développement au Burkina Faso (SNV-BF) et le programme « Voix pour le changement » (V4CP). Les travaux de recherche ont été menés par trois organisations de la société civile (OSC) burkinabés, notamment l’Association de la gestion des ressources naturelles et de la faune de la Comoé-Leraba (Ageref/CL), le Centre écologique Albert – Schweitzer (CEAS Burkina) et l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (Ocades). Ces OSC travaillent en partenariat avec l’Organisation néerlandaise de développement au Burkina Faso (SNV-BF) et l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). Les études ont été mené dans le cadre du projet « Voice for Change Partnership », dont l’objectif est le renforcement des capacités des OSC en plaidoyer et en lobbying au Burkina Faso.
Le document scientifique qui a été validé fait suite à une analyse de l’environnement liée aux énergies renouvelables au Burkina Faso, ainsi qu’à quatre études nationales sollicitées par la SNV et utilisées par les OSC pour étayer leur plaidoyer en faveur de l’amélioration de l’accès des habitants du pays à l’électricité. « Ces études permettront à l’ensemble des acteurs du secteur de l’énergie de voir quel type de solution on pourrait expérimenter en milieu rural, qui correspond à leur volonté et à leur capacité. Les investigations ont démarré durant le dernier trimestre de l’année 2019 », indique Honoré Bonkoungou, le chef adjoint du projet ECED-Mouhoum.
La formation aux métiers des énergies renouvelables
Les enquêtes ont porté sur l’état des lieux de l’offre de formation en énergies renouvelables, la formation de niveau intermédiaire (CQB, CQP, BQP, CAP, BEP, BAC) en énergies renouvelables, la relation entre la formation et la qualité du service offert en énergies renouvelables et les opportunités d’emploi dans le secteur des énergies renouvelables, surtout en milieu rural. Les OSC ont bénéficié de l’appui technique et financier du projet « Énergie et croissance économique durable dans la boucle du Mouhoum (ECED-Mouhoum) », mis en œuvre par l’Agence d’exécution canadienne Cowater international.
Au terme des investigations, il ressort, selon le rapport des OSC, que « sur le marché des biens et des services en énergies renouvelables au Burkina Faso, la faible connaissance des équipements par les ménages et les techniciens fait que les produits et les services de basse qualité sont les plus demandés, car généralement de bas prix ». Une aberration selon les OSC qui précisent dans leur étude que « ce sont justement les produits de faible qualité qui sont les plus coûteux étant donné qu’ils ont une vitesse de renouvellement et un coût d’entretien inutilement plus élevé ».
Renforcer l’utilisation des énergies renouvelables
Autre conclusion, l’étude a révélé qu’à peine 14,37 % des échantillons analysés au Burkina Faso utilisent les services en énergies renouvelables, 6,62 % utilisent des énergies telles que les foyers améliorés, 4,32 % utilisent des kits et des lanternes solaires pour l’éclairage et 1,18 % utilise des équipements à application productive (motopompe solaire, congélateur/frigo solaire, pompage d’eau solaire). En outre, 37,10 personnes interrogées se disent disposées à acquérir des lampes et des kits solaires (pour l’éclairage et pour la recharge de téléphone) et 2,48 % affichent leur intention de se procurer des équipements à usage productif (couveuse solaire, motopompe, biodigesteurs…).
L’analyse des OSC a également appris que le Burkina Faso compte au moins 25 % de personnes très vulnérables qui n’auraient pas accès aux énergies renouvelables et qui ne souhaiteraient pas acquérir des équipements y relatifs.
D’après l’approche des OSC, les résultats de l’étude sur « la volonté et la capacité financière des populations en milieu rural et en milieu péri-urbain à s’offrir les services et les produits de qualité en matière d’énergies renouvelables » seront utilisés pour convaincre le gouvernement burkinabé, les collectivités territoriales, le secteur privé et les investisseurs sur la nécessite de faire la promotion des équipements et des services de qualité sur les énergies renouvelables en milieu urbain et rural au Burkina Faso.
« En ce qui concerne la régularisation des équipements solaires, le problème est qu’on a libéralisé le secteur des énergies renouvelables avant la création de l’Agence nationale des énergies renouvelables énergétiques (Aneree). Il y a certes des difficultés ; mais nous sommes en train de les rattraper. Nous allons aussi encourager les habitants à aller vers les énergies renouvelables, car c’est un secteur d’avenir. En plus, nous avons un potentiel d’ensoleillement inestimable au Burkina Faso », affirme Djourmité Nestor Noufé de l’Aneree.
Inès Magoum